Colloque organisé par l’IPC Paris en partenariat avec l’Association francophone d’études et de recherche sur les troubles de la personnalité (AFERTP)
Cottraux et Blackburn (2006) définissent la personnalité comme « l’intégration stable et individualisée d’un ensemble de comportements, d’émotions et de cognitions, fondée sur des modes de réactions à l’environnement qui caractérisent chaque individu. » Elle peut être considérée comme la résultante d’un ensemble de traits, les traits de personnalité étant des prédispositions à réagir ou à se comporter d’une manière ou d’une autre dans une situation donnée (Rolland, 2004). Relativement stables dans le temps, ces prédispositions cognitives, affectives et comportementales participent à l’unicité du sujet. Cependant, lorsqu’un trait de personnalité devient « rigide, inadapté et responsable d’une altération significative du fonctionnement social ou professionnel et/ou d’une souffrance subjective » (Guelfi, 1987, cité dans Bonnet et al., 2012, p. 36), l’ensemble de la personnalité peut alors être qualifié de « pathologique ».
Changer son « masque social » ou moduler sa personnalité, en particulier lorsque celle-ci devient dysfonctionnelle, n’apparaît pas chose aisée. Certains traitements s’avèrent toutefois efficaces pour parvenir à une diminution des symptômes voire à une rémission symptomatique, avec un rôle central attribué à la relation thérapeutique en psychothérapie (Kramer et al., 2020). En revanche, la rémission fonctionnelle, en particulier sur le le plan social et professionnel, peine à suivre, comme l’indiquent les résultats d’études longitudinales, (Skodo et al., 2005; Zanarini et al., 2010). Ces données encouragent, dans le contexte des troubles de la personnalité, à se centrer sur le devenir, non pas uniquement des symptômes, mais de la personne dans ses différentes dimensions, démarche caractéristique du paradigme de rétablissement (Pachoud, 2018).
Par ailleurs, la personnalité étant par définition l’expression par excellence d’une personne, l’accompagnement d’un trouble de la personnalité ne vise pas un changement radical au point de la faire devenir « une autre », ni un retour à un état de fonctionnement antérieur idéal, n’ayant d’ailleurs peut-être jamais existé. L’objectif ne consiste-t-il pas plutôt à favoriser la possibilité de retrouver un nouvel équilibre avec soi-même et les autres, en s’inscrivant justement dans un processus de rétablissement (recovery) tel que le définissait déjà en 1993 Anthony(cité dans Wyngaerden & Allart, 2021) :
Processus personnel et unique visant un changement d’attitudes, de valeurs, de sentiments, d’objectifs, de compétences et/ou de rôles. C’est un moyen de vivre une vie satisfaisante, utile et emplie d’espoir, qu’elle soit ou non limitée par une maladie. Le rétablissement implique la création d’une nouvelle signification et d’un nouveau but dans la vie de l’individu, qui apprend à dépasser les conséquences dramatiques de la maladie… (p.45)
Toutefois, comment envisager un rétablissement pour des personnes dont le fonctionnement consiste par exemple à avoir tendance à mettre à mal le lien social ou à justifier leurs comportements par une attitude défensive ? Pourrait-on espérer malgré elles » un rétablissement renvoyant pourtant à un processus personnel et subjectif, nécessitant une prise de conscience du trouble ? De plus, les trajectoires des personnes concernées par des troubles de la personnalité correspondent-elles à ce concept surtout développé au départ dans le contexte des shizophrénies (Deegan, 1988) ? L’évoquer dans le champ des troubles de la personnalité présente-t-il un intérêt clinique ?
Ce colloque sera l’occasion de revenir sur la définition et la description des troubles de la personnalité dans la perspective du rétablissement (recovery). Il permettra de présenter des propositions de traitements et d’accompagnements spécifiques, en s’intéressant au-delà de leur efficacité quant à la diminution des symptômes, à la réhabilitation psycho-sociale des personnes concernées, et plus largement à leur devenir existentiel, préoccupation au coeur du paradigme de rétablissement (Koenig & Castillo, 2018).
Les présentations de résultats d’études qualitatives ou quantitatives autour de cette thématique sont les bienvenues, ainsi que les témoignages de personnes concernées, notamment de pairs-aidants ou de médiateurs de santé-pairs, et de soignants ou d’aidants. Les comptes rendus d’activités d’associations intervenant auprès de personnes présentant des troubles de la personnalité sont aussi attendus.
Rens. : cpotez@ipc-paris.fr, https://ipc-paris.fr









