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Vidéoconférence sur Zoom organisée par la Société médecine et psychanalyse (SMP)
Familles, c’est chez vous, à travers vous que s’observent de façon macroscopique les remaniements imputables à la pandémie du coronavirus !
A vous de transformer votre vie ensemble, de sortir à distance, de vous partager les sorties, les devoirs et les distractions des enfants. « Papa pique et maman coud », comme dit la chansonnette. Le numérique tente de pallier l’absence et la séparation. Les contacts visuels se poursuivent malgré les distances, les échanges sont maintenus. De nos organes des sens, le toucher est le plus pénalisé.
L’heure est grave, le danger partout y compris pour les autres. La méfiance règne puisqu’on ne sait pas qui fréquente qui. Où ? Comment ni quand ? Les préoccupations inhérentes à la santé, souvent magnifiées par des peurs imaginaires, se partagent quotidiennement au point d’obérer l’avenir.
L’espoir naît aussi d’aider les soignants à supporter les souffrances inhérentes à leurs fonctions, à ces morts dont les chiffres chaque jour sont égrenés.
L’immobilisation créée par le souci de stopper l’invasion virale, contribue à remanier la hiérarchie familiale, son organisation interne comme son organisation externe qu’elle soit monoparentale, recomposée, homo ou hétéro sexuée.
Rester chez soi : l’apparence égalitaire de l’ordre est moins évidente qu’il n’y paraît, plus paradoxale peut-être. S’adapter à la configuration qu’exige le confinement est un travail. L’irritation et parfois la violence montent comme une nouvelle contagion, barrant la communication.
Vivre sa vie en se cultivant, s’initier à de nouveaux apprentissages sont des alternatives précieuses. Chacun s’emploie à remplir les vides ou à apprécier les petit riens. Prendre soin de soi et de son corps s’impose aussi pour préserver son image, s’aimer encore.
Trouver un temps pour soi devient un pari. Les liens extérieurs avec ses amis, ses amants ou amantes, ses séances d’analyse sont menacés. L’existence d’un espace intérieur est fragilisée.
Familles endeuillées, interdites de visites à vos proches, vous aurez traversé, selon les mots de Georges Bataille, « L’infini de l’abandon », « la communauté de ceux qui n’ont pas de communauté ».
Maurice Blanchot dans La communauté inavouable (Ed. Minuit), invoque « des espaces de libertés inconnus » qu’il situe « entre ce que nous appelons œuvre et ce que nous appelons désœuvrement. » C’est une invitation majeure pour réfléchir aux modalités de notre retour à la vie en commun et à ses incertitudes. Un défi pour l’avenir.
Rens. : www.medpsycha.org