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Les dépressifs sont partout, les infirmières aussi. Les uns devraient donc logiquement rencontrer les autres…
L’obligation qui est faite aux médecins d’évaluer leurs pratiques professionnelles repose sur l’élaboration de critères d’amélioration consensuels et possédant une bonne validité scientifique. Les praticiens doivent donc se mobiliser pour construire ces critères selon une méthodologie valide (reposant sur les données acquises) prenant également en compte le consensus obtenu lors d’analyses intensives de cas réels.
Entre la psychosomatique et l’hystérie, entre la mélancolie et la paranoïa, l’hypocondrie à la spécif icité insistante d’une problématique centrée sur la psychopathologie de l’expérience subjective du corps. Le corps est perçu comme sain mais porteur d’un organe ou d’une fonction malade qui polarise la vie du sujet et en fait, à divers degrés, un malade chronique revendiquant et impossible à soigner.
En soumettant toute son expérience au thème de la santé, l’hypocondriaque cherche à éliminer le moindre mal, la moindre faille. Mais soumis à la tyrannie du souci de santé, il ne dispose plus librement de son corps pour participer au monde tel qu’il se présente.
« Notre corps est l’une des évidences de notre existence : c’est dans et avec notre corps que nous sommes nés, que nous vivons, que nous mourrons ; c’est dans et avec notre corps que nous construisons nos relations avec autrui… », nous dit la philosophe Michela Marzano
L’angoisse du médecin est liée à l’appréhension d’un malade insaisissable. Là où il attend un signe objectif, il est en proie à l’étendue de la demande. Là où il attend l’organisme, il découvre une dimension du corporel. Le médecin aimerait disposer du savoir à l’endroit de cette face plus obscure, pour mieux se repérer, pour savoir ce que le malade lui veut…
Signant d’un point de vue psychopathologique une des manifestations de la régression narcissique, l’hypocondrie peut être considérée, dans certains cas, comme un des premiers stades de la désorganisation psychique qui aboutira finalement au délire, qu’il soit mélancolique, paranoïaque ou schizophrénique.
Que faire devant un malade imaginaire ? Molière nous l’a dit, il faut être « un médecin malgré lui »…
L’intervenant en thérapie comportementale et cognitive ne doit pas oublier que le trouble hypocondriaque se présente toujours dans une condition individuelle et qu’il doit donc établir son plan d’intervention en fonction de ce qui singularise chaque tableau clinique.
Les maux de ventre ou aux mâchoires, les conduites d’exhibition ou masturbatoires fonctionnent comme des soupapes de sécurité chez François qui n’a accès qu’à ce « langage d’organe », langage régressif pour dire son lien à l’objet…