Quand les infirmières dénoncent…

FacebookTwitterLinkedInEmail

Dotations trop faibles en personnel à l’hôpital, conditions de travail non sécurisées, manquements chroniques dans les soins, pratiques administratives abusives…: plusieurs vagues de dénonciations infirmières ont eu lieu au Québec depuis 15 ans, accentuées en 2020 par la médiatisation de nombreuses situations. Selon les articles sur la dénonciation (whistleblowing), («lancement d’alerte»), les pratiques répréhensibles et abusives sont pourtant sous-dénoncées dans le système de santé. Cette étude est le premier volet d’un programme de recherche plus large sur le phénomène de dénonciation infirmière entrepris en janvier 2018 par l’Observatoire infirmier (1). Elle est réalisée en collaboration avec le Centre for Free Expression (CFE), affilié à l’Université Ryerson, qui compte plusieurs experts sur la dénonciation dans les secteurs publics et privés.

Cette recherche s’intéresse aux processus discursifs, idéologiques et identitaires qui sous-tendent des actes de dénonciation, par des infirmières québécoises, de situations répréhensibles. Elle se fonde sur les écrits de Teun A. Van Dijk, dont l’approche sociocognitive au regard de l’analyse critique des discours offre un cadre théorique tout indiqué. Dans un premier temps, les auteurs désirent brosser un portrait global de ces expériences, en analysant des formulaires de dénonciation (n = 3 200) recueillis entre juin 2016 et août 2018 par la Fédération interprofessionnelle de la santé au Québec (FIQ). Dans un deuxième temps, ils réaliseront des entrevues individuelles auprès d’infirmières québécoises ayant vécu des expériences de dénonciation dans leurs milieux de travail (n = 50). La collecte de données étant en cours lorsque la pandémie à la Covid-19 est survenue, et un nombre impressionnant de soignants ayant dénoncé de nouvelles situations liées à la gestion de cette crise sanitaire, les chercheurs ont réservé une partie de leur échantillon au recrutement d’expériences de dénonciations réalisées dans ce contexte particulier. Une analyse critique de discours fondée sur les travaux de Van Dijk est utilisée pour analyser les données de recherche. Résultats attendus au printemps 2021.

Négocier la culture du silence : Une étude qualitative de la dénonciation chez le personnel infirmier au Québec. Contact : Amelie.Perron@uottawa.ca

1– L’Observatoire a été cofondé et est coprésidé par les professeures en sciences infirmières A. Perron (Université d’Ottawa) et M. Gagnon (University of Victoria). Cette étude rassemble également plusieurs cochercheurs infirmiers : D. Wright, P. Martin, F. Carnevale, P. Pariseau-Legault, E. Marcogliese.