Paro, le robot émotionnel pour des psychotiques vieillissants

FacebookXBlueskyLinkedInEmail

Le CH du Pays d’Eygurande a acquis un robot socio-pédagogique, le phoque Paro, destiné aux patients psychotiques vieillissants. Les équipes soignantes constatent une meilleure gestion de l'agressivité et la diminution de l'anxiété.

Prouesse technologique, le phoque Paro est un robot socio-pédagogique utilisé en atelier d’animation. Equipé de sept moteurs, d’une douzaine de capteurs et de trois microphones, il renvoie à un logiciel d’intelligence artificielle des informations sur l’interaction avec le malade. Le logiciel adapte alors en conséquence les mouvements et l’intonation de Paro, afin de fournir la stimulation la plus adaptée à chaque patient. Concrètement, la peluche bouge la tête de haut en bas et de droite à gauche, il répond à la parole par des petits sons, cligne des yeux, suit la voix et communique au patient des émotions telles que la joie, la surprise ou le mécontentement. Son coût est de 6000 euros.

Avoir choisi un phoque n'est pas anodin. Les traits de cet animal (forme, fourrure, sons émis) inspirent confiance alors que d'autres animaux peuvent être rattachés à des risques de griffure ou de morsure. Par ailleurs, il stimule l'éveil des malades et suscite la curiosité, et sa forme réconfortante permet notamment aux malades de le serrer dans leurs bras sans appréhension.

Cet outil de médiation a fait ses preuves en EPHAD auprès des malades d'Alzheimer et également des personnes autistes, mais les soignants du service de Saint-Dominique du CH du Pays d’Eygurande ont fait le pari de l’utiliser, depuis plusieurs mois, avec des patients psychotiques vieillissants.

Afin de mesurer l’efficacité de cet outil, l’infirmière référente de cette médiation, Angélique Thevenon, et la psychologue de l’unité, Elodie Huard, ont créé une échelle d’évaluation. Elle comporte des items d’observation sur les échanges, sur la diminution de l’angoisse, mais également sur la médiation cognitive (souvenirs personnels, accès à la réalité…) qui sont plus spécifiques aux psychotiques.

Des premiers résultats sont visibles sur la gestion de l’agressivité et la diminution de l’anxiété. On observe également des effets bénéfiques sur l’amélioration de la communication entre patients, la relation de confiance soignant/soigné, les relations à l’autre de manière générale. Ainsi, un patient qui avait du mal à sortir de sa chambre sort de sa sphère intime et s’ouvre au monde qui l’entoure en adoptant Paro. L’équipe de Saint Dominique utilise également le phoque en stimulation des soins d’hygiène. Le prochain objectif est de tester son utilisation dans la prise en charge de la douleur en milieu psychiatrique.

Contacts : Catherine PATEAUD, cadre supérieur de santé cpateaud@chpe.fr, Pierre Louis TEILLOT, cadre de santé plteillot@chpe.fr, Angélique THEVENON, infirmière Unité Saint Dominique, CH du Pays d'Eygurande.