Olivier Véran veut engager « une refondation profonde et solide » de la santé mentale

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Dans un discours diffusé en vidéo au Congrès de l'Encéphale le 21 janvier, Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé, annonce une « refondation profonde et solide de la politique de santé mentale et de psychiatrie », en lien avec la dimension psychologique de la crise sanitaire, qui appelle une « mobilisation collective » de grande ampleur. Il a également présenté un bilan d'étape et les perspectives de la Feuille de route santé mentale et psychiatrie. Points clés et extraits.

Bilan et perspectives de la feuille de route santé mentale et psychiatrie

Le Ministre a souligné que la feuille de route (de juin 2018), dont le « Pr Frank Bellivier assure le suivi »  reste le « socle de notre ambition. » Si « la crise sanitaire a retardé certains chantiers, (…) elle a aussi été un accélérateur pour d’autres. »

Revenant sur les objectifs prioritaires pour 2020, parmi les chantiers « emblématiques », il a évoqué :
– le déploiement du dispositif Vigilans (rappel et de suivi des personnes ayant fait une tentative de suicide) s’est poursuivi. Vigilans est actuellement déployé dans 12 régions métropolitaines sur 13, et dans 2 régions d’Outre-mer.  « Près de 15 000 patients ont intégré ce dispositif l’an passé, ce qui est très encourageant et nous invite à aller plus loin. » La mise en place du numéro national de prévention du suicide est annoncé en 2021.
– concernant l'offre de soins et les parcours en psychiatrie, « près de 60 millions d’euros supplémentaires » sont venus soutenir « plus de 100 projets ciblés sur une meilleure articulation entre la ville et le médico-social, ainsi que sur la psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent. » L’appel à projet de la psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent sera reconduit à hauteur de 20M€.
– Au titre du Ségur de la santé, « environ 160 postes de psychologues » ont été créés au sein des Centres Médico-Psychologiques. Selon les besoins, ils seront priorisés sur les structures infanto-juvéniles. Par ailleurs, la démarche d’ « aller-vers » les personnes en situation de détresse psychique sera fortement développé « grâce au renforcement des équipes mobiles psychiatrie précarité (EMPP) à hauteur de 10 millions € ».

– En 2021, pour poursuivre le déploiement des actions de la feuille de route, en y intégrant des mesures du Ségur de la santé et tenant compte du contexte, il faut améliorer le repérage précoce : « nous allons financer dans les prochains mois, à hauteur de 12 M€/an pendant 3 ans, prévus dans le Ségur de la Santé, des psychologues au sein des Maisons de Santé Pluri professionnelles (MSP) et des Centres de santé. » Cette mesure annonce « le déploiement d’un dispositif plus ambitieux de première ligne “médecin généraliste-psychologue” ». Dans la même logique, « la prise en charge de consultations de psychologues pour les enfants doit être rendue accessible dès 2022 dans des conditions à définir d’ici l’été ».
Le Ministre a rappelé les enjeux des Projets Territoriaux de Santé mentale, qui réunissent les différents acteurs du parcours. « Mettre en œuvre et avancer, telle est mon exigence, telle est mon obsession ! (…) le Ségur de la santé a prévu le financement dès cette année d’un poste de coordonnateur pour chacun des 104 projets territoriaux. »
– Faire progresser l’insertion et la citoyenneté des personnes en situation de handicap psychique est également un enjeu essentiel.
– Concernant les pratiques d'isolement et de contention, O. Véran a rappelé « l'obligation qui nous était faite de mieux encadrer juridiquement » ces mesures. La réforme permet « d’une part, un meilleur contrôle de ces pratiques; et d’autre part, la prise en compte de la réalité de situations cliniques difficiles qui appellent à préserver la santé et la sécurité du patient et des équipes. » Un plan d’accompagnement à cette nouvelle réglementation, assorti à ce stade de 15 M€, est prévu pour permettre aux établissements de se réorganiser, « avec des mesures de formation, des recrutements d’effectifs, et une amélioration des Systèmes d’information. » « Vous n’êtes pas seuls dans cette dynamique d’adaptation », a-t-il souligné, précisant que « le dispositif d’accompagnement montera en charge dans le cadre d’un plan pluriannuel, et j’attends de la commission nationale de psychiatrie qu’elle puisse nous aider à en tracer les contours. »

Trois orientations majeures pour les « bases d'une refondation »
Face aux conséquences de la crise sanitaire, « nous devons  élargir notre ambition et jeter les bases d’une refondation profonde et solide de la politique de santé mentale et de la psychiatrie pour les décennies à venir. » Un renforcement et un enrichissement des actions « autour de 3 orientations majeures » sont proposés.   
– « diversifier l’information et la formation en santé mentale, pour changer le regard de l’opinion publique et lutter contre la stigmatisation, et pour faire entrer la santé mentale dans une culture de la prévention qui soit largement partagée ».
– « renforcer notre attention envers les publics les plus vulnérables » . Sur ce point le Minsitre a insité sur « la prévention et l’accompagnement de l’addiction des jeunes aux écrans. » Sur la base des recommandations du Haut conseil de la santé publique, « une Feuille de route sur la prévention des usages excessifs des écrans pour les enfants » sera lancée.
– « renforcer notre mobilisation autour des objectifs de notre politique de santé mentale tels que je les ai rappelés. »

Cela passe par « une meilleure connaissance des différentes dimensions de la santé mentale et de la psychiatrie » et donc un renforcement de la recherche :
« Santé mentale et psychiatrie sont des axes prioritaires du Programme Hospitalier de Recherche Clinique (PHRC) depuis plusieurs années et nous poursuivrons dans cette direction » ;
• Un nouvel outil pour inciter les établissements universitaires et non universitaires à coopérer pour des actions de recherche et de formation « sera mis en place de au printemps 2021 » ,
• Un programme prioritaire de recherche « Santé mentale et psychiatrie » « sera mis en place prochainement afin d’accélérer le développement de la recherche et d’accompagner les acteurs. »
– Echanges de pratiques. Cette mobilisation passe aussi par une réflexion « ouverte et partagée ». Dans le cadre d'une gouvernace « sereine et constructive », O. Véran compte beaucoup sur la nouvelle commission nationale de la psychiatrie, présidée par le Pr Lejoyeux. Parmi les moments forts pour croiser les points de vue, il a signalé « le sommet international des ministres de la santé mobilisés en faveur de la santé mentale que Paris accueillera en octobre prochain » et « les assises nationales de la santé mentale et de la psychiatrie dont la tenue avant l’été a été appelée de ses vœux par le Président de la République ».