Mobilisation infirmière le 20 novembre 2018 à l’appel de 13 organisations

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Les prin­ci­pa­les orga­ni­sa­tions infir­miè­res lan­cent une jour­née d’action et de grève le mardi 20 novem­bre, avec des ras­sem­ble­ments devant les pré­fec­tu­res de région.

Ci des­sous le com­mu­ni­qué signé par 13 orga­ni­sa­tions, soit :
- les 4 syn­di­cats des libé­raux FNI, Sniil, Convergence Infirmière, Onsil
- les 2 syn­di­cats de sala­riés CNI, SNPI CFE-CGC
- les 2 syn­di­cats de l’Education Nationale SNICS FSU, SNIES UNSA
- les 2 syn­di­cats de spé­cia­li­sés SNIA, SNIBO
- les asso­cia­tions de spé­cia­li­sées ANPDE, UNAIBODE et l’AFIDTN

"Mobilisation géné­rale des infir­miè­res, gran­des oubliées du Plan Santé 2022.

Face aux grands défis du vieillis­se­ment de la popu­la­tion et de l’explo­sion des mala­dies chro­ni­ques aux­quels est confronté notre sys­tème de santé, les infir­miè­res, toutes moda­li­tés d’exer­cice confon­dues, atten­daient de la stra­té­gie de trans­for­ma­tion du sys­tème de santé des mesu­res struc­tu­rel­les sus­cep­ti­bles d’y répon­dre. La pré­sen­ta­tion du Plan Santé 2022 par le Président de la répu­bli­que, le 18 sep­tem­bre der­nier, a balayé tous leurs espoirs. En effet, la vision médico cen­trée de ce plan ne donne aucun moyen aux infir­miers pour­tant en pre­mière ligne pour rele­ver ces défis.

Face à ce mépris, consi­déré comme une inco­hé­rence pour le patient et notre sys­tème de santé, 13 orga­ni­sa­tions repré­sen­ta­ti­ves de la pro­fes­sion appel­lent à une mobi­li­sa­tion géné­rale le mardi 20 novem­bre pro­chain. Unies der­rière des reven­di­ca­tions com­mu­nes, les infir­miè­res rap­pel­le­ront énergiquement à nos déci­deurs qu’il n’y aura pas de trans­for­ma­tion du sys­tème de santé sans reconnais­sance et valo­ri­sa­tion équitable des acteurs de pre­mière ligne.

Des com­pé­ten­ces sous exploi­tées.

La raré­fac­tion de la res­source médi­cale à l’hôpi­tal et la déser­ti­fi­ca­tion médi­cale en ville auraient dû conduire le gou­ver­ne­ment à pri­vi­lé­gier une meilleure reconnais­sance des com­pé­ten­ces des 660 000 infir­miers en réac­tua­li­sant le décret d’actes et d’exer­cice de 2002.

Que dire devant les réti­cen­ces du minis­tère de la santé à réa­li­ser la réin­gé­nie­rie du diplôme des infir­miè­res de bloc opé­ra­toire diplô­mées d’état (IBODE) et des infir­mier.e.s pué­ri­culteurs diplô­més d’état (IPDE) qui traine depuis 2009. Reconnue par l’attri­bu­tion d’un grade master, l’exper­tise avan­cée des infir­miers anes­thé­sis­tes n’a tou­jours pas abouti à l’attri­bu­tion d’une reconnais­sance et d’un exer­cice pro­fes­sion­nel à la hau­teur de leurs com­pé­ten­ces notam­ment dans le cadre du virage ambu­la­toire, du pré hos­pi­ta­lier et de la prise en charge de la dou­leur.

Au lieu de cela, la créa­tion de 4000 "assis­tants médi­caux" appa­rait à la pro­fes­sion infir­mière comme une véri­ta­ble pro­vo­ca­tion : un métier dont E. Macron a pré­cisé lui-même "qu’elle pour­rait effec­tuer des actes médi­caux sim­ples" (donc bien au-delà de la prise des cons­tan­tes) ?

La pro­fes­sion infir­mière doit-elle accep­ter comme solde de tout compte la créa­tion des infir­miè­res en pra­ti­ques avan­cées (IPA) dont les pré­ro­ga­ti­ves pro­mi­ses ont été rognées par le corps médi­cal quand paral­lè­le­ment le gou­ver­ne­ment s’emploie à servir sur un pla­teau aux méde­cins géné­ra­lis­tes des "secré­tai­res sani­ta­ri­sées" payées par la col­lec­ti­vité ?

Des répon­ses ina­dap­tées.

En 2018, avec un Objectif National des Dépenses d’Assurance Maladie (ONDAM) à 2,3%, l’hôpi­tal a dû économiser 960 mil­lions d’euros. Quelles économies sup­plé­men­tai­res seront deman­dées en 2019 avec un ONDAM à 2,5% ?

Les 4000 "assis­tants médi­caux", qui pour­raient être des aides-soi­gnants, cou­te­ront 200 mil­lions par an à la col­lec­ti­vité. Il aurait été plus cohé­rent de consa­crer cet argent à créer des postes en EHPAD, lieu où les condi­tions de tra­vail sont exé­cra­bles, plutôt que de pré­sen­ter également cette mesure comme une pos­si­ble évolution de car­rière, pour ces pro­fes­sion­nel­les, dont un nombre infime pro­fi­tera.
L’objec­tif affi­ché pour ce nou­veau métier est de gagner du temps médi­cal, c’est-à-dire réduire encore le temps passé avec le patient, ce qui va à l’encontre du besoin d’écoute de nos citoyens.

Une cohé­rence équivoque.

La dimi­nu­tion des durées moyen­nes de séjours à l’hôpi­tal prônée par nos tutel­les et voulue dans le cadre du "virage ambu­la­toire" devrait amener les déci­deurs à mettre en adé­qua­tion la nomen­cla­ture des actes infir­miers rem­bour­sés par l’assu­rance mala­die avec les objec­tifs de ce "virage ambu­la­toire" et leurs réel­les com­pé­ten­ces.

Bien que les infir­miè­res libé­ra­les soient les der­niè­res pro­fes­sion­nel­les de santé à se dépla­cer quo­ti­dien­ne­ment au domi­cile de leurs patients, qu’elles opè­rent un maillage com­plet du ter­ri­toire, leurs négo­cia­tions conven­tion­nel­les avec l’assu­rance mala­die se heur­tent à des fins de non rece­voir sur la valo­ri­sa­tion de mesu­res qui sont pour­tant essen­tiel­les à la réus­site de ce "virage ambu­la­toire". (Observance thé­ra­peu­ti­que, chi­mio­thé­ra­pie orale, consul­ta­tions de suivi, bilan de soins infir­miers…). Où est la cohé­rence ?

Une cons­tante : le manque de consi­dé­ra­tion pour les piliers du sys­tème de santé.
Depuis plu­sieurs années, s’il est une cons­tante dans notre pays, c’est le manque total de consi­dé­ra­tion pour les infir­miè­res qui se tra­duit sou­vent par une absence criante de concer­ta­tion en amont de l’élaboration de ces plans.

-  Les orga­ni­sa­tions signa­tai­res deman­dent ins­tam­ment au gou­ver­ne­ment de pré­voir dans le PLFSS des mesu­res qui ne répon­dent pas aux seules préoc­cu­pa­tions des méde­cins mais également des infir­miè­res qui sont des acteurs incontour­na­bles du pre­mier recours dans notre sys­tème de santé.

-  Face à la dégra­da­tion des condi­tions d’exer­cice des soi­gnants, les orga­ni­sa­tions signa­tai­res deman­dent ins­tam­ment au gou­ver­ne­ment l’attri­bu­tion de fonds per­met­tant aux établissements de soins la mise en place d’effec­tifs pro­por­tion­nels aux char­ges de tra­vail (charge de tra­vail incluant la fonc­tion tuto­rale // enca­dre­ment), le rem­pla­ce­ment de l’absen­téisme ainsi que la ges­tion des postes amé­na­gés.

-  Comme en 2016, elles deman­dent l’inté­gra­tion de la pro­fes­sion dans un pro­ces­sus d’uni­ver­si­ta­ri­sa­tion allant de la licence au doc­to­rat.

-  Elles deman­dent une reprise concrète de la réin­gé­nie­rie des spé­cia­li­tés afin d’appor­ter aux usa­gers du sys­tème la qua­lité des soins qu’ils sont en droit d’atten­dre.

-  Dans un contexte de déser­ti­fi­ca­tion médi­cale, les orga­ni­sa­tions signa­tai­res deman­dent ins­tam­ment au gou­ver­ne­ment d’accor­der aux 120 000 infir­miè­res libé­ra­les, les moyens et pré­ro­ga­ti­ves néces­sai­res pour absor­ber un virage ambu­la­toire à la hau­teur des ambi­tions affi­chées. Elles récla­ment l’ins­crip­tion dans le champ conven­tion­nel de mesu­res qui sont de nature à com­bat­tre l’engor­ge­ment des ser­vi­ces d’urgen­ces et qui favo­ri­sent le main­tien à domi­cile des patients, condi­tions essen­tiel­les à la reprise de négo­cia­tions conven­tion­nel­les serei­nes.

C’est dans ce contexte que nous appe­lons toutes les infir­miers de France, quels que soient leur moda­lité d’exer­cice, leur cadre de tra­vail, toutes les orga­ni­sa­tions pro­fes­sion­nel­les et asso­cia­tions infir­miè­res ainsi que les usa­gers à se mobi­li­ser le 20 novem­bre pour défen­dre un sys­tème de santé de qua­lité, et sou­te­nir la place essen­tielle des infir­miè­res dans la stra­té­gie de trans­for­ma­tion du sys­tème de santé.