Les médecins du travail, témoins de la grande souffrance des médecins hospitaliers

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Dans un courrier du 11 février, l'Association nationale de médecine du travail et d’ergonomie du personnel des hôpitaux (ANMTEPH) alerte la ministre de la Santé sur la souffrance au travail de plus en plus marquée des médecins hospitaliers.

L'association se mobilise suite au suicide du Pr Barrat, chirurgien bariatique à l'hôpital d'Avicenne (AP-HP) le 3 février 2019, sur son lieu de travail. Si « le respect face à ce geste désespéré impose la prudence dans son interprétation », l'ANMTEPH espère une enquête approfondie pour comprendre les raisons de son geste. « Si des raisons professionnelles y ont participé, une réelle attention doit y être portée pour que d’autres drames soient évités. »
Loin de vouloir polémiquer, l'association témoigne de ses constats répétés dans les établissements : « Les médecins du travail, dans les hôpitaux où nous sommes encore présents, sont les témoins d’une  souffrance de plus en plus marquée des médecins hospitaliers. Il n’est plus rare de voir en consultation en santé au travail, à leur initiative ou à celle d’un collègue inquiet, des médecins épuisés, perdus, perdant pied : des charges de travail trop importantes, des objectifs  financiers devenus prioritaires, des restructurations pas toujours comprises, des équipes de soignants trop changeantes pour instaurer la confiance nécessaire dans le travail en équipe… L’hôpital tient encore par la motivation de ceux qui y travaillent (médecins, paramédicaux, administratifs, techniques) mais combien y laissent leur santé ?
Les signaux d’alerte clignotent maintenant depuis plusieurs années. Notre mission principale est de faire de la prévention, pas d’être des “caisses enregistreuses” des maladies et des accidents de travail. »

L'association pointe combien la culture de la prévention reste éloignée des pratiques quotidiennes et réclame la mobilisation de tous les acteurs. « Faire de la prévention ne peut être qu'une démarche participative, qui nécessite courage, volonté et réalisme. » Directions, représentants des personnels médicaux et non médicaux et préventeurs, ARS et DGOS, doivent s'impliquer pour instaurer une prévention « avec des évaluations objectives des résultats ».

L’ANMTEPH a pour objectif de former et d’informer les médecins et  équipes pluridisciplinaires de santé au travail (infirmiers, psychologues, ergonomes, etc.), exerçant en établissements de santé publics et privés sur l’actualité professionnelle, médicale et réglementaire, de faciliter les  échanges entre adhérents pour favoriser le partage d’expériences de terrain et rompre l’isolement, de promouvoir les métiers en santé au travail et d’entretenir des liens avec les Ministères de tutelle et les  Institutions (DGOS, DGT, ASN, …), les Universitaires (PU-PH) et les partenaires impliqués dans la santé au travail (INRS, GERES,  CNRACL, FHF, MNH, …)