La ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, a adressé le 15 juin 2017 au Premier ministre une « feuille de route » sur son action. Elle entend porter « une politique de prévention beaucoup plus ambitieuse. » Concernant la santé mentale, elle annonce un plan d'action pour améliorer le repérage précoce des maladies psychiques et leur prise en charge, ce qui impliquera « de renforcer et mieux structurer la filière psychiatrique ».
Dans cette note de 11 pages, Agnès Buzyn décline les différents champs d'action de son engagement. Remarquant la défiance des Français envers les système de santé et et de protection sociale, son objectif sera de consolider la cohésion nationale autour d'eux et de « restaurer la perception d'un système équitable et profitable à tous ». Dans la conduite de ces changements, elle indique les grands principes de sa méthode : « toujours partir des besoins individuels et territoriaux » des usagers, construire les solutions avec eux et avec toutes les parties prenantes, retenir des solutions simples, expérimenter et évaluer constamment pour pouvoir toujours améliorer. Dans un dialogue constant, la Ministre s'appuira sur « l'ensemble des professionnels de la santé et de l'accompagnement médico-social. » Précisant le cadre économique et financier de son action, qui passe par « le rétablissement durable de la situation financière des comptes de la sécurité sociale, dans l'ensemble de ses composantes », (…) la croissance annuelle des dépenses d'assurance maladies (ON0AM) sera de 2,3% en moyenne sur le quinquennat. » Un objectif qu'elle qualifie « ambitieux », qui suppose « de réaliser, en cinq ans, plus de 15 Mds d'euros d'économie par rapport à la tendance ». Cela implique « une évolution progressive et programmée sur 5 ans des modalités de financement des établissements de santé ».
- Solidarités
Ce cadre général posé, Agnès Buzyn décrit tout d'abord ces priorités dans les politiques de solidarité, passant en revue la lutte contre les exlusions, l'action en faveur de la famille, la nécessaire réforme du système des retraites, l'engagement auprès des personnes âgées, l'organisation modernisée de la sécurité sociale.
- Santé
– Abordant les politiques de santé, la ministre indique que sa première priorité sera « la mise en place d'une politique globale, organisée et financée de prévention. » Il s'agit d'intégrer pleinement la prévention dans le système de santé, à rebours du développement de dispositifs spécialisés et cloisonnés situés en marge de celui-ci. « La prévention doit commencer dès le plus jeune âge, se poursuivre à l'école et accompagner chacun au cours de sa vie privée et professionnelle. (…) La prévention doit être intégrée au parcours de santé et elle doit être valorisée dans les budgets et les rémunérations. » S'inscrivent dans ce contexte la lutte contre le tabagisme, mais aussi les actions sur l'alcool, l'obésité, la sédentarité, la prévention des cancers, la santé au travail et la santé dans les lieux de privation de liberté. Par ailleurs, « la santé mentale, en particulier celle des enfants, fera l'objet d'un plan d'action visant à améliorer le repérage précoce des maladies psychiques et leur prise en charge, ce qui impliquera de renforcer et de mieux structurer la filière psychiatrique. »
– La deuxième priorité sera de lutter contre les inégalités territoriales, c'est-à-dire garantir l'égal accès à des soins sûrs et de qualité pour tous, partout. Des outils financiers et juridiques permettant de dépasser les frontières institutionnelles et sectorielles seront initiés. Par ailleurs, « le déploiement rapide de la télémédecine constitue un autre moyen de favoriser l'accès aux soins (…) : les différentes expérimentations engagées en la matière doivent évoluer vers un déploiement beaucoup plus ample avec un financement par !'Assurance maladie dans le cadre des règles tarifaires de droit commun. » Le rôle des Groupements hospitaliers de territoire (GHT) sera réaffirmé et leur mise en place accélérée.
– La lutte contre les inégalités sociales est la troisième priorité d'Agnès Buzyn. Le tiers payant doit être généralisable, c'est-à-dire accessible à tous et simple techniquement.
– Quatrième priorité, l'innovation, « enjeu clé pour l'évolution des pratiques professionnelles, l'accélération du virage ambulatoire, la qualité du suivi des patients chroniques, le partage et la transmission de l'information par les acteurs du système de soins. » La transformation du système de santé suppose aussi « la modernisation du système de formation (…), au travers de la mise en œuvre de la réforme du 3e cycle des études de médecine, de l'universitarisation des formations paramédicales, et de la préparation d'un dispositif de re-certification des compétences des professionnels de santé. »
- D'après la note à l'attention de Monsieur le Premier ministre, feuille de route de la ministre des Solidarités et de la Santé, 15 juin 2017.