Des difficultés de l’évaluation de la perte d’autonomie à domicile

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La perte d’autonomie liée au vieillissement revêt une diversité de situations individuelles. Selon l’ampleur de leurs (in)capacités, leur environnement physique et social, leurs ressources économiques et leurs souhaits, les personnes âgées présentent des besoins contrastés, tant en matière d’accompagnement qu’en termes d’aide financière. Comment leur apporter un soutien efficace et équitable ? Cette préoccupation est au cœur de l’activité des professionnels assurant l’évaluation de l’Allocation personnalisée d’autonomie (APA). Une enquête réalisée par la Fondation Médéric Alzheimer avec la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA) dresse un portrait de ces professionnels. Les résultats mettent au jour que le recueil d'informations est relativement homogène et pointent de nombreux enjeux éthiques.

Ces professionnels, rattachés aux conseils départementaux, ont pour mission première d’évaluer la perte d’autonomie et les besoins d’aide des personnes de 60 ans et plus souhaitant bénéficier de l’APA. Maillon central du soutien à domicile, l’activité des professionnels chargés de l’évaluation APA est cependant peu connue et insuffisamment étudiée. Avec l’appui de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie, la Fondation Médéric Alzheimer a lancé en 2018 une enquête nationale métier auprès de ces professionnels. L’enquête dresse le premier portait complet des professionnels chargés de l’évaluation APA. Celui-ci témoigne notamment d’un engagement durable dans l’activité, ces professionnels étant impliqués dans l’évaluation APA depuis 8 ans en moyenne.

Plus largement, les résultats apportent un éclairage nouveau sur le traitement des demandes d’APA. On apprend par exemple que l’attitude de déni de certaines personnes âgées vis-à-vis de leur perte d’autonomie constitue l’une des principales difficultés rencontrées auprès des demandeurs d’APA. Une attention particulière a été accordée aux personnes atteintes de troubles cognitifs. D’après les données recueillies, ces personnes représentent 38 % des demandeurs d’APA. L’enquête montre que le traitement de leurs dossiers d’APA soulève plusieurs difficultés spécifiques, liées notamment au déclin de leurs capacités de communication et de compréhension. En conséquence, la thématique des troubles cognitifs correspond au besoin de formation le plus souvent cité – par 64 % des professionnels. Dans la mesure où seuls 14 % des professionnels chargés de l’évaluation APA ont suivi une formation complémentaire en gérontologie ou en gériatrie, la formation constitue à n’en pas douter un chantier à explorer pour faciliter le traitement des demandes d’APA.

  • Les professionnels chargés de l'évaluation de l'APA, Lettre de l'observatoire, n°54, juillet 2019, Fondation Médéric Alzheimer, accessible en téléchargement.