Difficile liaison entre généralistes et psychiatres

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Le médecin généraliste (MG) reste souvent le premier recours face à un problème de santé mentale. Pourtant, dans 91 % des cas, il rencontre des difficultés pour orienter les patients vers une prise en charge spécialisée : 90 % pointent alors les délais d’attente ou le manque de place, 71 % des problèmes de communication ou de liaison, 62 % le manque d’information sur le fonctionnement. Par ailleurs, les MG sont en difficultés face au déni des troubles des patients (77 %), à la stigmatisation de la maladie (76 %) et à l’image négative des dispositifs de santé mentale (75 %). C’est ce que révèle une recherche-action intitulée « Place de la santé mentale en médecine générale » réalisée en 2010-2011 par le CH La Chartreuse (Dijon) et le Centre collaborateur français de l’OMS (CCOMS) de Lille. Une centaine de secteurs de psychiatrie ont ainsi interrogé les MG de leur territoire, soit 2 076 répondants. Les résultats de cette enquête pointent que :
– Si 61 % des MG interrogés estiment que l’offre de soin a évolué ces dernières années, ils ne sont que 20 % à la qualifier de « favorable », 16 % la jugeant « défavorable ».
– La qualité de l’offre de soins est globalement jugée « insuffisante » en psychiatrie publique et privé, en ambulatoire comme en hospitalisation.
– Les MG jugent par ailleurs la procédure de soins sans consentement indispensable (35 %) mais fastidieuse et difficile à mettre en œuvre (17 %).
– Si les MG sont 97 % à envoyer un courrier lorsqu’ils orientent un patient vers un psychiatre, ils ne sont que 26 % à recevoir à leur tour un courrier des psychiatres traitants de leurs patients. Ils sont également 53 % à souhaiter participer à des rencontres concernant l’organisation des soins en santé mentale.
– Soulignons enfin que les MG seraient d’accord à 84 % pour qu’un psychologue ou un infirmier (72 %) puissent rencontrer pour la première un patient qu’ils adressent.
Pour le psychiatre G. Milleret, coauteur de l’enquête : « Les acteurs de santé et la psychiatrie ont un rôle évident à jouer pour améliorer cet état de fait. Nous voyons que les généralistes sont en demande d’information, de formation, de personnes relais. Nous devons améliorer notre façon de communiquer. »

Place de la santé mentale en médecine générale. Renseignements : G. Milleret, CH La Chartreuse, Dijon, 03 80 42 48 71. Voir aussi le site du CCOMS, www.ccomssantementalelillefrance.org