Une cohorte pour évaluer la santé mentale des étudiants en médecine

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Pour la première fois en France, l’Université d’Orléans lance OSMOSE (Orléans, santé mentale, médecine, observation et suivi chez les étudiants), un projet de recherche destiné à suivre, pendant 22 ans, la santé mentale des étudiants de la faculté de médecine d’Orléans. Un volet sera consacré aux violences sexistes et sexuelles.

Comment se portent les étudiants en médecine ? Dépression, anxiété, burn-out, addictions, solitude… Alors que les troubles psychiques sont en nette augmentation chez les jeunes adultes en France (la pandémie de COVID-19 a doublé la prévalence des épisodes dépressifs caractérisés entre 2017 et 2021, passant de 11,7 % à 20,8 %), les étudiants en médecine, soumis au stress et aux responsabilités, sont particulièrement exposés : en 2021, ils présentaient 1,7 fois plus de risque d’épisode dépressif et cinq fois plus de risque d’idées suicidaires que la population générale du même âge. Malgré cela, seuls 32 % d’entre eux qui souffrent de troubles dépressifs, bénéficient d’une prise en charge adaptée, rappelait l’Université d’Orléans dans un communiqué publié fin octobre 2025.

Une étude sur 22 ans

Face à ce constat alarmant, et en l’absence de suivi au long cours, Jasmina Mallet, psychiatre au CHU d’Orléans (Loiret) qui mène ce projet de recherche au sein du laboratoire Interdisciplinaire pour l’Innovation et la Recherche en Santé d’Orléans (LI²RSO), ambitionne, avec son équipe, de scruter les facteurs de risque de dépression des futurs médecins via un questionnaire et de les comparer à ceux observés chez les étudiants issus de PASS (parcours spécifique « accès santé ») ou de L.AS (Licence avec option accès santé) qui bifurquent vers d’autres filières (kiné, sages-femmes, etc.) OSMOSE s’intéressera également à la prévalence et aux facteurs associés à l’anxiété, au burnout, aux troubles du comportement alimentaire, aux consommations de substances, à la stigmatisation, à la précarité, ainsi qu’au recours ou au non-recours aux soins. L’étude consacrera enfin un volet spécifique aux violences sexistes et sexuelles (VSS) pour mieux comprendre leur fréquence, leurs contextes et leurs conséquences psychologiques tout au long de la formation médicale.

L’étude OSMOSE s’étendra sur vingt-deux ans et concernera environ mille étudiants par an inscrits à l’Université d’Orléans (PASS, L.AS, médecine). Chaque participant est invité à remplir un questionnaire en ligne sécurisé, via la plateforme Callyope, une fois par an tout au long de ses études. Le questionnaire comprend plusieurs outils validés*

Vers une meilleure compréhension de la santé mentale des étudiants

Les chercheurs espèrent renforcer la prévention et les dispositifs d’accompagnement des étudiants grâce à ces données inédites sur l’évolution de la santé mentale des étudiants en médecine et ses déterminants. OSMOSE devrait notamment permettre d’identifier les trajectoires de vulnérabilité et les leviers de prévention pour améliorer l’accompagnement des futurs professionnels de santé. Les objectifs de la cohorte OSMOSE seront présentés au Congrès Français de Psychiatrie (CFP), qui se tiendra à Cannes du 10 au 13 décembre 2025.

*CIDI-SF pour la dépression, GAD-7 pour l’anxiété, SCOFF pour les troubles du comportement alimentaire, AUDIT et CUDIT pour la consommation d’alcool et de cannabis, Maslach Burnout Inventory, échelle de solitude UCLA (3 items) et échelle des expériences adverses de l’enfance (ACEs).

En savoir plus : rendez-vous sur le site de l’Université d’Orléans.