Hospitalisation en psychiatrie 2024 : une fragilité accrue des jeunes femmes

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La psychiatrie française a fait face à une double contrainte en 2024 : une augmentation de la file active (notamment chez les jeunes, en ambulatoire) et une érosion continue des capacités d’accueil au long cours (baisse des journées à temps complet), observe un rapport de l’Agence technique de l’information sur l’hospitalisation (ATIH).

Les données 2024 de l’Agence technique de l’information sur l’hospitalisation, (placée sous la tutelle du ministère de la Santé et chargée de la collecte et de l’analyse des données des établissements de santé), révèlent une mutation de la prise en charge psychiatrique en France. Si le nombre total de patients augmente légèrement (+0,5 %), les modalités de soins traduisent une intensification des prises en charge en ambulatoire et une réduction marquée de la durée des séjours en hospitalisation complète.

Quid de l’hospitalisation à temps complet ?

En 2024, l’hospitalisation à temps complet représente encore 81 % des journées de présence, mais son volume baisse de 2,3 % sur un an. Cette baisse est deux fois plus rapide que celle observée avant la crise sanitaire (-1,3 %).

  • Nombre de patients : 308 000.
  • Durée moyenne de séjour (DMS) : Elle se stabilise à 54,4 jours, après une baisse constante depuis 2020.
  • Démographie : Les 40-59 ans restent le cœur de la patientèle (35 %). On note une surreprésentation des hommes pour les séjours longs (DMS de 58,2 jours contre 51,2 jours pour les femmes).

Temps partiel et Ambulatoire : une activité en tension

Le nombre de patients pris en charge en temps partiel (soit des journées ou nuités de moins de 24 heures) augmente significativement (+4,5 %), tandis que le nombre total de journées diminue (-2,1 %). A noter : depuis 2020, le nombre de patients pris en charge à temps partiel augmente de manière constante. Le nombre de patients hospitalisés à temps partiel en 2024 est supérieur à 2019, période de référence précédent la crise sanitaire (mars 2020 – mai 2023), alors que le nombre de journées de présence à temps partiel est nettement inférieur

  • Intensité des soins : La durée moyenne de prise en charge à temps partiel se contracte, passant de 28,5 jours en 2023 à 27,1 jours en 2024.
  • Dynamique ambulatoire : Les actes de psychiatrie ambulatoires sont majoritairement réalisés dans les Centres Médico-Psychologiques (CMP), note le rapport, et progressent de 3,6 % (22,6 millions d’actes pour 2,2 millions de patients).

L’alerte persistante sur les adolescentes

Les données confirment également une tendance amorcée en 2017 : une nette augmentation du recours aux soins chez les adolescentes (13-17 ans) et les jeunes femmes (18-24 ans).

Depuis 2022, les jeunes adultes (18-24 ans) présentent le taux d’hospitalisation à temps complet le plus élevé avec 6,5 patients pour 1 000 habitants situés dans cette tranche d’âge en 2024. Celui des adolescents (13‑17 ans) s’élève à 4,2 patients pour 1 000 habitants. Ils représentent 6% de la patientèle à temps complet. Les jeunes adultes (18-24 ans) constituent 12% de la patientèle prise en charge à temps complet tandis que leur part dans la population française est de 8%. Cette surreprésentation s’explique par les hospitalisations concernant les jeunes femmes, souligne l’ATIH, puisque 71% de cette patientèle adolescente est féminine.

  • Taux d’hospitalisation : Entre 2017 et 2024, le taux pour les 18-24 ans est passé de 5,3 à 7,7 pour 1 000.
  • Temps complet : Alors que le recours baisse pour toutes les tranches d’âge masculines, il augmente de manière spectaculaire chez les adolescentes (13-17 ans) et les jeunes femmes (18-24 ans), avec respectivement +58 et +93 journées pour 1 000 habitantes entre 2017 et 2024.
  • Temps partiel : comme pour l’hospitalisation à temps complet, le recours des adolescentes et des jeunes femmes augmente entre 2017 et 2024.
  • Pédopsychiatrie : à noter toutefois, les garçons de 4-12 ans restent surreprésentés en temps partiel (11 % de la patientèle versus 5 % de la population générale).

Évolution des motifs de recours

Le rapport distingue différents motifs de recours en fonction de l’âge des patients :

  • F3 (Troubles de l’humeur) et F4 (Troubles névrotiques/stress) : ces diagnostics gagnent du terrain. Chez les 13-17 ans, ils concentrent désormais 48 % des journées à temps complet (contre environ 33 % en 2017).
  • F2 (Schizophrénie et troubles délirants) : bien qu’ils représentent toujours 32 % des journées à temps complet, leur part relative diminue chez les jeunes adultes (18-39 ans).
  • F8 (Troubles du développement) : Ils restent le motif majoritaire de recours chez les enfants en temps partiel.

Retrouvez l’intégralité de l’analyse en cliquant ici.