Dépression résistante : la piste du nerf vague

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Un essai clinique de grande ampleur va évaluer les bénéfices de la stimulation du nerf vague par implant cérébral dans la dépression résistante. Il s’agit de fournir les premières données médico-économiques françaises sur cette technique, qui pourrait intégrer l’arsenal thérapeutique pour cette pathologie grave.

Malgré une large palette de traitements – médicaments, thérapies comportementales et cognitives, ou neurostimulation non invasive – 10 à 15 % des patients souffrant de dépression restent résistants aux approches classiques (1), avec des conséquences importantes sur leur qualité de vie, et leur la vie sociale, familiale et professionnelle.

Dans ce contexte, une technique innovante basée sur la stimulation du nerf vague par traitement neurochirurgical en association avec le traitement habituel est actuellement testée dans le cadre de l’essai clinique multicentrique DepVNS (pour « dépression vagus nerve stimulator »), coordonné par les Professeurs Philippe Domenech et Fabien Vinckier (GHU Paris Psychiatrie et Neurosciences) et promu par l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (APHP). Cette technique consiste à stimuler le nerf vague gauche pendant une période courte (ex : 30 s) suivie d’une période de repos (ex : 5 min), 24 heures/24. Le stimulateur implanté sous la peau au niveau de la poitrine est relié à une électrode de stimulation localisée sur le nerf vague, au niveau du cou. Un boîtier externe contrôle ce stimulateur permettant ainsi de régler différents paramètres (allumage, intensité, durée). L’effet antidépresseur de cette stimulation est lent à apparaître (6 mois à 1 an), mais, lorsqu’il survient il est très stable dans le temps et avec des résultats supérieurs à ceux attendus suite à une optimisation du traitement médicamenteux, et permet une meilleure qualité de vie (2). Il s’agit d’un traitement prophylactique à vie.

« Cette stimulation a des effets multiples par l’intermédiaire du système neurovégétatif : sur l’humeur, le système digestif, ou encore le sommeil. L’intervention est simple d’une durée de 30 à 45 minutes avec peu de risques (risque anesthésique, risque infectieux, risque d’hématome) et peu d’effets indésirables. La balance bénéfice/risque pour le patient est très en faveur de l’intervention », précise Sylvie Raoul, neurochirurgienne au CHU de Nantes, centre participant à cette recherche.

L’essai DepVNS concernera 166 patients, suivis pendant 24 mois. À ce stade, 69 ont été inclus dont 32 à l’Institut de neuromodulation à Sainte-Anne. Les patients sont suivis pendant 24 mois. La fin du recrutement est prévue dans 18 mois, selon le rythme d’inclusion actuel et l’ouverture des derniers centres en province.

Ce projet vise à fournir les premières données médico-économiques françaises sur cette thérapie, qui pourrait ainsi intégrer l’arsenal thérapeutique national contre la dépression résistante.

1– Holtzmann et al. Quelle définition pour la dépression résistante ? Press Med 2016 ; 45(3):323-328. 2– Aaronson, S. T. et al. A 5-Year Observational Study of Patients With Treatment-Resistant Depression Treated With Vagus Nerve Stimulation or Treatment as Usual : Comparison of Response, Remission, and Suicidality. Am J Psychiat174, 640 648 (2017).

D’après les communiqués du GHU Paris psychiatrie en neurosciences et du CHU de Nantes. Contact : Pr Domenech, philippe.domenech@ghu-paris.fr