Usage abusif du « proto » : la Fédération addiction rappelle les mesures de prévention efficaces

FacebookXBlueskyLinkedInEmail

Après le décès d’une jeune femme de 17 ans, à Roubaix, lié à l’usage abusif du protoxyde d’azote, la Fédération Addiction exprime sa profonde tristesse et pointe la nécessité de renforcer la prévention et la régulation autour du protoxyde d’azote. Elle estime que son classement comme stupéfiant serait inadapté et appelle plutôt à des mesures efficaces pour protéger les jeunes. Communiqué.

La consommation de protoxyde d’azote touche particulièrement les jeunes, dont la vulnérabilité aux conduites à risque exige un encadrement adapté. Si la vente aux mineurs est déjà interdite, et doit être effectivement appliquée, éviter de nouveaux drames comme celui de Roubaix passera avant tout par la prévention.

La Fédération rappelle ce qui fonctionne réellement en matière de prévention :
• donner une information claire et objective sur les risques et les moyens concrets de les réduire, sans miser sur la peur, peu efficace auprès des jeunes ;
• encourager le développement des compétences psycho-sociales (qui favorisent la capacité à faire des choix éclairés et à résister aux pressions) et des approches motivationnelles, centrées sur l’écoute, l’alliance et l’accompagnement plutôt que sur l’injonction ;
• développer des actions locales, concrètes et d’aller-vers, au contact des jeunes dans leurs lieux de vie ;
• faciliter l’accès aux structures de proximité telles que les consultations jeunes consommateurs (CJC) pour repérer précocement les usages à risque et proposer un accompagnement adapté.

Classer le protoxyde d’azote comme stupéfiant : une fausse solution

Alors que certaines voix proposent de classer le protoxyde d’azote comme stupéfiant, les professionnels des addictions mettent en garde : une telle mesure favoriserait le développement d’un marché noir, la circulation de produits incontrôlés et l’éloignement des consommateurs des dispositifs de soin.

Avec un classement comme stupéfiant ce sont les usagers qui seraient exposés à des sanctions pénales. Une telle approche répressive entraverait la prévention, en rendant plus compliqué l’accès des jeunes aux professionnels de santé et aux dispositifs d’accompagnement. L’interdiction totale peut créer l’illusion d’une réponse forte mais, en réalité, elle ne constitue pas un moteur durable de changement des consommations : ce qui n’a jamais fonctionné pour d’autres substances ne fonctionnerait pas davantage pour le protoxyde d’azote .

Éviter les mesures simplistes : choisir l’efficacité en santé publique

La Fédération Addiction appelle les pouvoirs publics à s’appuyer sur des mesures fondées sur les preuves. Protéger les jeunes exige une politique cohérente, articulant régulation, prévention et accompagnement. C’est ainsi que l’on protègera réellement les jeunes et que l’on évitera durablement de nouveaux accidents. Catherine Delorme, présidente de la Fédération Addiction : « Classer le protoxyde d’azote comme stupéfiant, cela signifierait exposer les jeunes à des amendes et à des peines de prison. Ce n’est pas la réponse dont ils ont besoin. L’urgence, c’est de financer durablement la prévention sur le terrain, pas de criminaliser davantage les publics »

Communiqué de la Fédération Addiction, 18 novembre 2025. « Protoxyde d’azote : la Fédération Addiction alerte sur des drames évitables et appelle à des vraies mesures de prévention ».

• Lire « Le « proto », des cas d’intoxication toujours en hausse« , Santé mentale, 18 avril 2025 et « Protoxyde d’azote : attention aux complications thromboemboliques et addictives !« , Santé mentale 17 juillet 2025.