Troubles psychiques des actifs : un coût global d’environ 25 milliards d’euros

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Une étude évalue, pour 2022, le coût de la santé mentale des actifs à 24,7 Mds€ (troubles psychiques et traitements psychotropes). Le coût moyen annuel par patient pour l’Assurance maladie est de 7 800 € en cas de pathologie contre 1 700 € pour un traitement psychotrope.

Pour la première fois, une étude évalue le coût de la santé mentale des actifs. Initiée par l’association Acteurs de la French Care et MGEN, cette étude a été réalisée par le cabinet Asterès et présentée à PariSanté Campus le 26 novembre 2025 à l’occasion d’un colloque portant sur la Santé mentale, Grande cause nationale 2025. L’étude estime pour 2022 un coût tangible de 24,7 Mds€ lié aux troubles psychiques et aux traitements psychotropes chez 3,4 millions d’actifs, dont une part importante de femmes. Elle se concentre exclusivement sur les coûts tangibles : personne sous traitement et personnes diagnostiquées en excluant donc tous les coûts intangibles tels que la souffrance ou la QVT. 

Les Acteurs de La French Care, pour qui cette situation alarmante appelle un virage préventif, formulent 10 recommandations opérationnelles visant à lever les tabous dans le monde du travail et à mieux accompagner la population active.

Un coût annuel de 25 Mds€ qui révèle un mal-être chez les actifs

À l’échelle européenne, l’OCDE estime que l’impact économique des troubles mentaux représente environ 4 % du PIB. L’étude Asterès révèle que 3,4 millions d’actifs français ont été concernés par des pathologies mentales ou la prise de traitements psychotropes en 2022, représentant un coût global de près de 25 milliards d’euros : 14,8 Mds€ supportés par l’Assurance Maladie, 7,6 Mds€ par les employeurs et 2,3 Mds€ par les organismes complémentaires. Ce montant équivaut à 1,1 % du PIB français.

Le coût moyen annuel par patient pour l’Assurance maladie est de 7 800 € en cas de pathologie contre 1 700 € pour un traitement psychotrope. Pour les employeurs, le coût moyen annuel par patient est proche : 2 300 € (pathologie) contre 2 200 € (traitement psychotrope). Pour les organismes complémentaires, le coût moyen par patient est estimé à 800 € pour un traitement psychotrope, contre 500 € en cas de pathologie.

Ces chiffres traduisent des réalités humaines et professionnelles préoccupantes : près de 20 % des arrêts maladie sont liés à des troubles psychiques et près d’un actif sur deux déclare avoir déjà été confronté à une situation de stress intense ou à des risques psychosociaux. 

Les femmes, premières consommatrices de psychotropes, hors pathologie

Parmi les 3,4 millions d’actifs concernés, 1,5 million souffrent de pathologies psychiatriques et 1,9 million consomment des médicaments psychotropes sans diagnostic associé. Dans cette seconde catégorie, les femmes actives sont particulièrement touchées, 6,5 % d’entre elles étant concernées, contre 3,6 % des hommes actifs.

Le taux de consommation d’antidépresseurs chez les femmes de 30 à 49 ans est 2,7 fois supérieur à celui des hommes.

Si hommes et femmes sont touchés à parts quasi égales par les pathologies psychiatriques, les femmes sont davantage concernées par les troubles névrotiques, les hommes par les troubles addictifs et psychotiques.

Un indispensable virage préventif

Ces constats soulignent l’importance d’une prévention ciblée, dans la durée. Les mentalités doivent évoluer, en levant les tabous et en accompagnant les salariés au quotidien, de manière adaptée, personnalisée tout au long de la vie et en fonction des besoins des organisations. Pour Antoine Tesnière, Président des Acteurs de la French Care, “Avec 3,4 millions d’actifs aujourd’hui concernés par un trouble ou un traitement lié à la santé mentale, il est urgent d’investir dans la prévention et l’accompagnement dans le monde du travail”.

Pour Jérémie Sécherdirecteur stratégie, transformation, coopération, risques MGEN,“il n’y a pas de santé, sans santé mentale. Elle doit être abordée comme la santé physique : un prérequis à l’épanouissement personnel et professionnel.”

Sensibilisation, dépistage, accompagnement : le parcours de prévention santé doit être repensé de manière globale et personnalisée

Les Acteurs de la French Care et MGEN formulent 10 recommandations :

  1. Déployer une politique de prévention durable en multipliant les opportunités de prise en charge : ateliers en présentiel, applications numériques, bilans de santé mentale en médecine du travail, et parcours intégrés favorisant le retour progressif à l’emploi.
  2. Mieux dépister en intégrant les signaux précoces dans la nomenclature de santé mentale : aujourd’hui, près de 40 % des troubles ne sont pas codifiés, retardant la prise en charge. 
  3. Mieux cibler les actions de prévention en fonction des situations de vie. 
  4. Déployer les Premiers Secours en Santé Mentale (PSSM). 
  5. Développer les compétences psychosociales dès l’école et former les managers à la détection des signaux faibles : une meilleure régulation émotionnelle réduit de 25 % le risque de dépression ou de burn-out.  
  6. Prévenir les situations de forte tension au travail : une tension prolongée multiplie par 2,3 le risque de troubles anxieux. 
  7. Un appel à projets pour le développement de solutions numériques dédiées au monde du travail, permettant notamment de lutter contre l’isolement qui touche 60 % des télétravailleurs. 
  8. Améliorer l’accès aux soins en renforçant la présence de psychologues du travail et d’équipes mobiles de psychiatrie : aujourd’hui, la France compte moins d’un psychologue du travail pour 10 000 salariés, un ratio bien inférieur à celui des pays nordiques par exemple.
  9. Renforcer la pratique de l’activité physique, qui réduit de 30 % les symptômes anxieux et dépressifs.
  10. Accompagner le processus de rétablissement en santé mentale en mettant en place des parcours intégrés favorisant le retour progressif à l’emploi (notamment avec des contrats d’adaptation post-arrêt maladie, inspirés du modèle canadien).

 

À propos des Acteurs de la French Care  

L’association Les Acteurs de la French Care est, avec Bpifrance, co-fondatrice de la communauté de la French Care. Elle a vocation à regrouper tous les acteurs de la filière de santé en France qui souhaitent s’investir pour créer un lieu d’échange unique entre acteurs privés et publics de la santé, de connaissance et de promotion à même de constituer une “avant-garde” pour la French Care. L’association présidée par Antoine Tesnière rassemble et fédère des entreprises privées, des startups, des instituts de recherche, des hôpitaux publics et privés, des biotechs, des medtechs, des groupements de praticiens, des établissements de santé, des fonds d’investissement, des banques, des assurances. En participant aux échanges lors d’événements, à la production de ressources et au développement des réseaux, les adhérents bénéficient à plein de la dynamique de La French Care. A l’intérieur du grand écosystème de la French Care, une quarantaine d’acteurs de la santé a fait le choix, en adhérant à l’association Les Acteurs de la French Care, d’un engagement plus marqué en faveur du décloisonnement des filières en santé. Leurs contributions permettent de pérenniser cette dynamique.

À  propos de MGEN

Fondée en 1946, MGEN est aujourd’hui la première mutuelle des agents du service public. 

Photo : Pixabay