Intervention non médicamenteuse : une étude établit un paradigme scientifique consensuel

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Eviter les amalgames, améliorer les pratiques de soins-et de recherche : cette vaste étude multidisciplinaire et participative, publiée dans la revue Santé publique, propose une définition unanime et un cadre consensuel d’évaluation des interventions non médicamenteuses (INM). Ce terme devrait être réservé aux protocoles de prévention et de soin décrits, explicables, efficaces, sûrs et implémentables. Résumé des auteurs.

Devant l’absence de consensus sur la définition et l’évaluation des interventions non médicamenteuses (INM) malgré l’utilisation de la notion par l’OMS, la HAS, le ministère de la santé et le Centre européen de prévention et contrôle des maladies par exemple, une étude a co-construit un paradigme consensuel répondant aux standards de la recherche internationale dans le domaine de la santé. L’article présente ses intérêts et ses limites pour la santé publique.

Méthode : L’étude a mobilisé durant deux ans toutes les parties prenantes, soit plus de 1000 personnes. Des ateliers participatifs s’appuyant sur les recommandations internationales de la recherche en santé et l’expérience et des sessions de consensus ont été menés sous le pilotage d’un comité pluridisciplinaire et la logistique de la société savante Non-Pharmacological Intervention Society. Ils ont permis d’identifier les invariants descriptifs et évaluatifs spécifiques aux INM. Quatre phases se sont succédé, élaboration, amélioration, vote, consultation.

Résultats : Le terme INM désigne des protocoles de prévention ou de soin ayant une dominante corporelle, nutritionnelle ou psychosociale, ciblés sur un problème de santé et personnalisés par un professionnel qualifié. Le cadre d’évaluation comporte 77 invariants, 14 éthiques et 63 méthodologiques. Ces derniers sont répartis en cinq types d’étude : mécanistique, observationnelle, prototypique, interventionnelle et d’implémentation. Le paradigme NPIS Model a reçu le soutien de 31 sociétés savantes et trois autorités de santé françaises.

Conclusion : Le terme INM devrait être réservé aux protocoles de prévention et de soin décrits, explicables, efficaces, sûrs et implémentables. Le cadre consensuel d’évaluation co-construit devrait favoriser la transférabilité des INM de la recherche à la pratique, leur coordination pluriprofessionnelle, leur adaptation au contexte, leur amélioration continue, leur formation, et finalement leur reconnaissance. Ce paradigme scientifique renforce le rôle des professionnels de la santé publique dans le développement d’actions ciblées, efficientes, et possiblement finançables au bénéfice des publics à risque ou malades. Il ouvre la voie au développement d’un référentiel en accès libre de pratiques immatérielles de santé codifiables, partageables, traçables et améliorables par la prise en compte des retours d’expérience. Ce paradigme ne couvre en aucun cas tous les domaines de la santé publique.

Améliorer la connaissance et la reconnaissance des interventions non médicamenteuses : implications pour la santé publique d’une étude participative et de consensus, G. Ninot, E. Descamps, G. Achalid; S. Abad et al., Santé publique, 2025/3, vol. 37, p. 113 à 132.