Hospitalisation des 16-18 ans en psychiatrie : insatisfaction généralisée !

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Une enquête du Syndicat des psychiatres hospitaliers (SPH) constate l’inadaptation des prises en charge des 16-18 ans et met en exergue la pénurie de pédopsychiatres, le manque de moyens et de soutien de l’administration, l’engorgement des urgences, les problématiques de travail collectif sur les transformations ou encore l’absence de structures adaptées. La satisfaction des psychiatres s’élève en moyenne à 3,9/10…

Selon le Syndicat des psychiatres des hôpitaux (SPH), les jeunes de 16 à 18 ans sont « souvent accueillis par défaut, entre pédopsychiatrie et psychiatrie adulte, dans des structures qui ne leur sont pas destinées », à un âge où « tout peut basculer », qui n’est « ni l’enfance, ni encore tout à fait l’âge adulte ».

Dans ce contexte, et afin de « mieux comprendre les parcours actuels, objectiver les difficultés et identifier les bons leviers d’action qui pourraient être déclinés dans les établissements », le syndicat avait lancé entre juillet 2025 et septembre 2025 une grande enquête nationale en ligne destinée aux pédopsychiatres de service public et à leurs partenaires. 665 médecins (âgés en moyenne de 50 ans) ont répondu : 44,5% d’entre eux sont pédopsychiatres, 31% psychiatres, les autres ont un exercice mixte (pédiatres ou urgentistes) ; un tiers exerce en centre médico-psychologique (CMP), un autre tiers en hospitalisation complète.

Les constats de cette enquête


Un accueil souvent inadapté
– Des 16–18 ans hospitalisés par défaut en psychiatrie adulte ;
– ruptures de parcours fréquentes, notamment aux urgences ;
– manque de lits en pédopsychiatrie, voire absence totale dans certains départements ;
– manque de places en hôpital de jour ou en CATTP (6,0/10).
Des besoins spécifiques sans réponses
Des délais d’accès très longs
– délai supérieur à un mois pour les CMP en pédopsychiatrie (6,8/10) ;
– même en CMP adulte, délai supérieur à un mois dans de nombreux cas (5,3/10) ;
Des professionnels engagés mais en tension
– faible satisfaction sur les parcours (moyenne : 3,2 à 3,5/10) ;
– sentiment de travailler « hors cadre », sans moyens spécifiques ;
Une réforme mal accompagnée
– des difficultés de relais après passage en Maison des adolescents (5,0/10) ;
– accompagnement de la réforme dans les établissements (3,3/10) ;
– flou dans les responsabilités adultes/pédopsy ;
– peu de soutien des ARS perçu : 3,5/10.

L’enquête de SPH recense une hospitalisation en service de psychiatrie adulte de façon habituelle pour les 16-18 ans dans 23,53 % des cas ce taux augmente en fonction de certaines pathologies, comme des conduites addictives (34,59 %) ou des troubles psychotiques (37,29 %).

Des services d’hospitalisation mixte, de type 16-25 ans, sont rares, avec un peu moins de 8% des patients. Surtout, un quart des 16-18 ans nécessitant une hospitalisation en raison de leur santé mentale sont accueillis dans des services généraux de pédiatrie.

Le SPH revient également sur la réforme des autorisations en psychiatrie mise en oeuvre « sans réelle concertation » et qui peut « mettre à mal les professionnels, les structures, les familles et les partenaires impliqués dans leur accompagnement« . Les équipes, quant à elles, font ce qu’elles peuvent pour s’adapter au cadre. Pour le SPH, « la réforme des autorisations ne peut suffire à transformer les pratiques sans stratégie coordonnée, moyens concrets, structures dédiées. Au risque sinon de produire des injonctions paradoxales pour les équipes confrontées à des réalités qu’aucun texte ne règle à lui seul« . Reconnaître la spécificité des besoins des adolescents de 16 à 18 ans invite ainsi « à refuser les zones grises institutionnelles où les responsabilités sont floues et les parcours fragmentés« .

Recommandations

À la lumière des résultats de cette enquête, le Syndicat des Psychiatres des Hôpitaux (SPH) appelle les tutelles à prendre des mesures concrètes pour répondre aux besoins spécifiques des jeunes de 16 à 18 ans. Il est d’abord essentiel de permettre un accompagnement spécifique pensé pour les adolescents, dans le respect de leurs besoins psychiatriques et développementaux.

Le SPH recommande également de renforcer significativement les dispositifs ambulatoires tels que les CMP, hôpitaux de jour et CATTP, dont le sous-dimensionnement actuel contribue à l’engorgement des structures et à l’aggravation des situations.

Une attention particulière doit être portée à la structuration de l’accompagnement de la transition entre pédopsychiatrie et psychiatrie adulte, actuellement trop souvent improvisé ou inexistant. La continuité de la prise en charge ne peut reposer seulement sur l’informel ou sur la seule bonne volonté des équipes.

Par ailleurs, il est nécessaire de disposer d’un cadre clair pour organiser l’accueil des mineurs dans les établissements ne disposant pas de services spécifiquement dédiés aux 16–18 ans, adapté aux contraintes locales et aux structures existantes dans chaque établissement.

Cette clarification doit s’inscrire dans une démarche d’accompagnement collectif, reposant sur un soutien institutionnel réel et des financements adaptés, afin de permettre un accueil plus lisible et plus serein pour les jeunes et leurs familles, tout en offrant aux équipes soignantes un cadre clair et propice à un exercice apaisé.

Enfin, le SPH insiste sur la nécessité d’un accompagnement réel de la réforme des autorisations, qui ne peut se limiter à une modification réglementaire sans être suivie d’engagements concrets en matière de moyens humains, logistiques et financiers.

• Enquête nationale sur le parcours d’hospitalisation en psychiatrie des 16 – 18 ans, du 21 juillet au 05 septembre 2025, Syndicat des psychiatres hospitaliers, octobre 2025. Eléments de synthèse (PDF)