Le suicide de patients en institution reste un traumatisme et ses conséquences sur les professionnels de santé sont insuffisamment considérées. Le Dispositif de Postvention auprès des Soignants (DisPOS) proposé par le Centre de Prévention du Suicide du Vinatier vise à soutenir les équipes confrontés à cet événement.
De nombreuses études ont évalué l’impact du suicide de patients sur les professionnels de santé. Dans une revue de la littérature, Seguin et al. (2014) démontraient ainsi l’existence de trois types d’impact distincts sur les professionnels : traumatique, émotionnel et professionnel.
Le terme de « postvention » a été introduit en 1969 par Schneidman et s’intéresse à l’ensemble des mesures qui peuvent être prises suite au décès d’une personne par suicide pour soutenir et accompagner les proches, mais aussi les professionnels confrontés à cet évènement. Malgré les données importantes concernant l’impact du suicide de patients sur les professionnels, la littérature sur l’évaluation de dispositifs de postvention en milieu professionnel demeure très peu fournie. La détection précoce des professionnels les plus impactés apparait notamment comme un enjeu important. Ainsi, à ce jour, aucune étude n’a évalué l’intérêt de dispositif de postvention en milieu soignant.
La « postvention », désigne ici l’ensemble des actions et interventions (accompagnement psychologique, communications internes et externes) à déployer auprès de ceux qui ont pu fréquenter les lieux de vie d’une personne décédée par suicide ou qui ont été témoins du passage à l’acte.
Le Dispositif de Postvention auprès des Soignants (DisPOS) proposé par le CPS (Centre de Prévention du Suicide Le Vinatier de Lyon) consiste en un dispositif de veille d’une durée de 3 à 6 mois mis en place dès que le suicide d’un patient est signalé au CPS. Le DisPOS peut être proposé à différents types d’équipes soignantes, notamment au sein des institutions les plus confrontées aux suicides de patients ou de résidents : services intra-hospitaliers de psychiatrie adulte ou infantile, services extrahospitaliers de psychiatrie adulte ou infantile, EHPAD, unités de prise en charge médicale de personnes détenues, services de médecine somatique. Une recherche-action appelée SuPPoRt (Soutien après le Suicide de Patients) qui s’est déroulée entre 2020/2024 a été conçue en partenariat avec le laboratoire en psychologie sociétale (Greps) de l’Université Lyon 2. Elle vise à évaluer tout en faisant évoluer le dispositif de postvention pour en promouvoir la diffusion. La méthodologie de recherche comprend principalement un recueil de données qualitatives (entretiens, auto-confrontations, instructions au Sosie) auprès des soignants inclus dans l’étude, mais également auprès des intervenants qui ont animé les séances collectives de postvention.
Le dispositif de postvention est vécu par les participants comme un espace de parole facilitant l’expression d’émotions, mais également le processus d’élaboration. Une préoccupation forte des professionnels de terrain autour de la qualité du travail ouvre des perspectives pertinentes en santé au travail. Il y a un enjeu essentiel à expliciter ce que recouvre la postvention afin de la promouvoir dans le cadre de politiques publiques.
Bruno Cuvillier, Philippe Villeval, Anne Jakowleff, Édouard Leaune, Benoît Chalancon, Christine Durif-Bruckert, Laurène Lestienne, Juliette Grison-Curinier, Centre de Prévention du Suicide Le Vinatier de Lyon.
Pour aller plus loin Le ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles a publié dans le Bulletin officiel "Santé-protection-solidarité" du 6 août 2025 un plan d'action visant à prévenir les phénomènes de contagion suicidaire dont un pilier consiste à développer la postvention. • Note d’information n° DGS/SP4/2025/114 du 28 juillet 2025 relative au plan d’action visant à prévenir les phénomènes de contagion suicidaire intégré à la Stratégie nationale de prévention du suicide.
