Le Conseil économique social et environnemental (CESE) a adopté le 23 septembre dernier, un Avis sur les « Inégalités de genre et santé des femmes au prisme de la périnatalité« . Avec 23 préconisations, il souhaite alerter et lutter contre les inégalités en matière de santé vécues par les femmes durant cette période, notamment en matière de santé mentale. Résumé de cet Avis.
En France, le suicide est la première cause de mort maternelle dans l’année suivant un accouchement. Ce constat révèle un paradoxe : malgré un suivi médical renforcé pendant la grossesse, permettant de prendre en compte les problèmes de santé physiologiques, la santé mentale des femmes est bien souvent ignorée. Ces dernières subissent des injonctions sociétales extrêmement fortes, selon lesquelles la période périnatale est forcément heureuse : ces injonctions freinent non seulement leur parole qui pourrait alerter sur leur mal-être, mais masquent des troubles bien plus graves que le « baby blues ».
16,7% des femmes sont touchées par la dépression post-partum dans les 2 mois suivant l’accouchement (Santé Publique France)
La périnatalité est une période qui vient révéler des inégalités de genre dans le domaine de santé, entre femmes et hommes, mais aussi entre femmes entre elles. Tout d’abord, la médecine, historiquement connue par et pour les hommes, néglige encore les spécificités féminines, entraînant des diagnostics tardifs et des prises en charge inadaptées. Les maladies cardiovasculaires, 1ère cause de mortalité chez les femmes, illustrent ce décalage : leurs symptômes, différents de ceux des hommes, sont moins bien identifiés et retardent les soins d’urgence.
La recherche des effets différenciés entre les femmes et les hommes de la dégradation de l’environnement et de l’exposition aux produits toxiques auxquels un individu est soumis tout au long de sa vie, de sa conception in utero à sa mort est actuellement insuffisante. La grossesse et les premières années de la vie sont pourtant reconnues pour être des périodes où la sensibilité aux facteurs environnementaux est très importante.
100% des femmes enceintes sont exposées aux pesticides (Santé Publique France)
Le monde du travail est traversé par des inégalités persistantes : 20 % des ouvrières ou employées de service perdent ou quittent leur emploi pendant leur grossesse (Rapport du Sénat, 2023), et 27 % des femmes déclarent avoir subi des discriminations liées à leur maternité. Enfin, la fermeture massive des maternités aggrave les inégalités territoriales : 40 % des femmes vivent à plus de 45 minutes d’une maternité, augmentant les risques de mortalité infantile. La France, autrefois exemplaire, occupe désormais le 23ème rang européen dans ce domaine, avec 2 700 décès d’enfants de moins d’un an chaque année (Ined, 2025).
Toutes ces inégalités sont aggravées en fonction de la situation particulière des femmes (origine, précarité, handicap, obésité…). Les femmes en situation de précarité ou de handicap subissent par exemple une double peine : celles sans-abri renoncent aux soins, tandis que seules 58 % des femmes handicapées bénéficient d’un suivi gynécologique régulier, en raison de barrières physiques ou de violences médicales.
23 préconisations réparties en 4 axes
- Prévenir : renforcer les protections maternelles et infantiles (PMI).
- Informer : briser les tabous autour de la santé mentale.
→ Comment ? En lançant des campagnes nationales d’information sur les troubles mentaux en période périnatale, et en remboursant à 100 % l’entretien postnatal précoce (aujourd’hui à 70 %).
→ Pourquoi ? Pour libérer la parole des femmes et permettre aux soignants de détecter les signes de détresse chez plus de femmes, y compris celles avec des situations particulières
- Équilibrer : répartir équitablement la charge entre les parents.
- Accompagner : structurer la politique des 1000 premiers jours.
L’avis « Inégalités de genre et santé des femmes au prisme de la périnatalité » a été adopté en séance plénière le 23 septembre 2025 avec 97 voix pour, 2 contre et 33 abstentions. À travers 23 préconisations, il propose donc une refonte ambitieuse de la prise en charge, de la prévention à l’accompagnement, pour corriger les déséquilibres existants. Cet avis sera remis au ministre de la Santé et aux élus des collectivités.
• « Inégalités de genre et santé des femmes au prisme de la périnatalité », Avis du Conseil économique social et environnemental (CESE), 23 septembre 2025 (PDF). Rapporteures : Marie-Josée Balducchi et Anouk Ullern
• « Inégalités de genre et santé des femmes au prisme de la périnatalité« , Préconisations du CESE, résumé (PDF).