Au Vinatier, un nouveau protocole de coopération entre psychiatre et infirmier se déploie en pédopsychiatrie, qui ouvre une nouvelle répartition des rôles, au service de l’accès aux soins, de la qualité et de l’avenir des pratiques professionnelles. Retour sur la première consultation et perspectives.
Face à la pénurie de pédopsychiatres et à l’augmentation des troubles psychiques chez les jeunes, le Centre Hospitalier Le Vinatier innove et déploie le premier protocole de coopération infirmier en pédopsychiatrie en France : Consultation infirmière en CMP Enfant et Adolescent pour le renouvellement de traitements et le suivi.
Autorisé par M.Pascal Mariotti, directeur du Vinatier psychiatrie universitaire Lyon métropole (Pulm), ce protocole de coopération permet à des infirmiers spécifiquement formés de réaliser, en alternance avec les médecins, des consultations de suivi en santé mentale pour enfants et adolescents. Ils peuvent renouveler certaines prescriptions (Rispéridone, Méthylphénidate, Mélatonine, Hydroxyzine, Sertraline, Fluoxétine, Cyamémazine), prescrire des bilans biologiques ou des ECG, et assurer une surveillance clinique structurée.
L’organisation repose sur une dynamique territoriale ambitieuse : six infirmiers protocolisés exercent désormais sur l’ensemble du territoire lyonnais, au sein du Service de Neuro-développement Réhabilitation Intervention Spécialisée chez l’Enfant (Sunrise) du pôle de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent. Ce dispositif, premier en France dans le champ de la pédopsychiatrie, incarne une transformation concrète des pratiques professionnelles.
Les objectifs sont clairement définis :
- Réduire les délais d’accès aux soins, parfois supérieurs à trois mois,
- Renforcer la qualité du suivi par des consultations centrées sur l’observance et la tolérance,
- Valoriser les compétences infirmières, via une formation dédiée de 21 heures et des consultations supervisées,
- Optimiser le temps médical, en concentrant l’expertise des psychiatres sur les situations complexes.
Chaque patient est revu au moins une fois par an par un médecin, dans le cadre d’un suivi sécurisé et tracé dans un dossier informatisé partagé. Des arbres décisionnels, grilles de suivi et indicateurs d’activité garantissent la qualité et la sécurité du dispositif.
La première consultation infirmière s’est tenue en août 2025, pilotée par Eva, infirmière. Elle s’est appuyée sur les outils issus de la formation ainsi que sur des supports qu’elle avait elle-même conçus, en cohérence avec les attendus qualitatifs du protocole. La consultation s’est déroulée de manière optimale, avec un haut niveau de satisfaction exprimé par le jeune et ses parents. Dans ce cas précis, un relais vers la médecine libérale a été acté, tandis que d’autres consultations sont déjà programmées dès la rentrée de septembre.
Déployée en juillet 2025, cette expérimentation ouvre en pédopsychiatrie une nouvelle répartition des rôles, au service de l’accès aux soins, de la qualité et de l’avenir des pratiques professionnelles.
Ce protocole est disponible sur le site du réseau coordonné des protocoles de coopération en psychiatrie Copsy (1) dirigé par Brian Levoivenel, cadre supérieur de santé.
Le protocole de coopération, repères
Un protocole de coopération est un document structuré, disponible sur le site du ministère de la santé. Il permet de mettre en œuvre le transfert d’activités ou d’actes de soins à visée préventive, diagnostique ou thérapeutique, d’un professionnel de santé à un autre. Ces actes ou activités doivent être dérogatoires, c’est-à-dire concerner un soin qui ne peut pas être réalisé d’ordinaire par celui à qui il est délégué au regard de son décret de compétences.
1– https://www.adesm.fr/copsy-2/
• Contact : Gauthier Marotte, cadre de santé, Gautier.MAROTTE@ch-le-vinatier.fr
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