La Haute Autorité de Santé (HAS) a analysé pour la première fois l’ensemble des évènements indésirables graves associés aux soins (EIGS) en lien avec le personnel non permanent (intérimaires, vacataires, équipes de suppléance ou remplaçants d’un autre service) pour assurer la continuité des soins). Les erreurs médicamenteuses et celles liées à l’organisation de la prise en charge arrivent en tête.
Face à l’accroissement et au vieillissement de la population, les besoins en soins augmentent. Parallèlement, la démographie médicale est en déclin, et certaines spécialités perdent en attractivité, dans un contexte de difficultés d’exercice à l’hôpital. Dans ce contexte, les établissements de santé et médico-sociaux font appel de manière croissante au personnel non permanent (intérimaires, vacataires, équipes de suppléance ou remplaçants d’un autre service) pour assurer la continuité des soins) (1). Ainsi, en 2023, le taux de recours aux intérimaires avait doublé par rapport à 2017, atteignant 0,4 % des effectifs dans le secteur hospitalier (direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques, ministère du Travail).
Bien que le recours au personnel non permanent apporte de la souplesse aux établissements pour la gestion ponctuelle de ressources humaines (absence de titulaires et surcharge d’activité, inopinées ou non), leur intervention peut parfois engendrer des situations à risques, liées à leur méconnaissance des habitudes, du matériel et des procédures du service ou de l’établissement. Elle peut également compliquer le travail en équipe, pourtant crucial pour garantir la sécurité des patients.
De façon à donner une vision plus complète des risques associés à cette pratique et des mesures de prévention, de récupération et d’atténuation des évènements indésirables, la HAS a analysé pour la première fois l’ensemble des EIGS en lien avec le personnel non permanent déclarés depuis la création du dispositif en 2017.
Les causes immédiates les plus fréquemment déclarées étaient : les erreurs médicamenteuses (31 % ; 157/512), les erreurs liées à l’organisation de la prise en charge (28 % ; 141/512), les erreurs liées au matériel (13 % ; 65/512) et les erreurs en lien avec la clinique, le diagnostic et la stratégie thérapeutique (12 % ; 63/512)

Selon les déclarants, les principales catégories de causes profondes des EIGS en lien avec le personnel non permanent étaient les suivantes : les facteurs liés aux professionnels (83 % ; 424/512), aux patients (76 % ;387/512), aux tâches à accomplir (72 % ; 367/512) et à l’équipe (70 % ; 359/512)

Sur la base des déclarations des professionnels et des structures de soins, la HAS rappelle qu’il est essentiel de :
- Créer les conditions nécessaires pour stabiliser les équipes.
- S’assurer plus systématiquement de l’adéquation des connaissances et compétences du personnel non permanent avec le poste à pourvoir.
- Structurer l’intégration du personnel non permanent.
- Veiller à l’acquisition et au maintien des compétences techniques et non techniques des professionnels de santé.
- Optimiser la communication interprofessionnelle et renforcer la traçabilité des soins.
- Améliorer la qualité de l’analyse des EIGS impliquant le personnel non permanent.
(1) Le personnel non permanent désigne, dans cette analyse, tous les professionnels intervenant pour des missions temporaires et ponctuelles dans les structures de santé ou en libéral afin d’assurer la continuité de la prise en charge des patients, hors stagiaires. Cela inclut le personnel médical, paramédical, social, logistique, technique et administratif
Analyse des déclarations de la base nationale des évènements indésirables graves associés aux soins (EIGS) en lien avec le personnel non permanent, HAS, 24 juillet 2025