Une étude de L’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes) montre que la part des décès liée au covid-19 a été particulièrement élevée chez les personnes avec un trouble psychique sévère et persistant (TPSP).
La pandémie de Covid-19 et les mesures mises en place pour en limiter les effets ont eu d’importantes conséquences sur l’état de santé des populations et leur mortalité. Les personnes vivant avec un trouble chronique pouvant les exposer à un risque de handicap sont susceptibles d’y avoir été particulièrement vulnérables. A travers le cas des lésions médullaires (LM), des troubles psychiques sévères et persistants (TPSP) et de la sclérose en plaques (SEP), cette étude documente à grande échelle la mortalité de ces trois populations avant et au cours de la pandémie, en mobilisant le Système national des données de santé (SNDS). Les résultats confirment la surmortalité pré-pandémique de ces trois populations, ainsi qu’une augmentation de leur mortalité pendant la pandémie, supérieure à celle de la population générale.
Pour autant, les populations étudiées n’ont pas été touchées avec la même ampleur et au même moment. Les personnes avec une LM ou un TPSP ont vu leur mortalité augmenter dès 2020 et se maintenir au-dessus des projections jusqu’en 2022. La mortalité par Covid-19, principal facteur de la hausse en 2020, diminue par la suite tout en se maintenant au-dessus de la mortalité liée au Covid-19 de la population générale. A l’inverse, pour les personnes avec une SEP, ce n’est qu’à partir de 2022 que la mortalité augmente et dépasse les projections de décès. Cette hausse s’explique à la fois par le maintien de la mortalité par Covid-19 et l’augmentation de la mortalité par autres causes.
Lecture : La mortalité par Covid-19 a touché les trois populations, mais avec une ampleur variable. La part des décès liée à l’infection est particulièrement élevée chez les personnes avec une lésion médullaire et un trouble psychique sévère et persistant (TPSP), ce qui pourrait s’expliquer en partie par la structure de ces populations, plutôt masculines et âgées, éléments qui sont des facteurs de risque de formes graves d’infection. Pour les personnes avec un TPSP, la mortalité par Covid-19 s’est ajoutée aux décès par autres causes, qui n’ont pas diminué. De plus, cette mortalité est supérieure à celle observée en population générale.
En 2022, une hausse de la mortalité par rapport à 2021 est constatée pour les trois populations d’étude, ainsi que pour la population générale, qui s’explique par la hausse de la mortalité des plus de 85 ans en raison des épisodes de forte chaleur et de grippe.
Champ : Personnes de 16 ans ou plus repérées par les algorithmes.
Source : Système national des données de santé (SNDS).
Issu du Questions d’économie de la santé n° 298 : « Un impact variable de la pandémie de Covid-19 sur la mortalité des personnes à risque de handicap : le cas des lésions médullaires, des troubles psychiques sévères et persistants et de la sclérose en plaques » de Duchaine F. (Université de Strasbourg, Irdes), en collaboration avec Espagnacq M. (Irdes), Gandré C. (Irdes), Levy J. (Irdes, Hôpital Raymond Poincaré, UVSQ Paris Saclay) et Regaert C. (Irdes)
* Le taux brut de mortalité est le rapport entre le nombre de décès et la moyenne de la population sur une année donnée. Il est généralement exprimé en nombre de décès pour 1 000 habitants (Eurostat).