Yannick Neuder s’engage sur la formation et l’attractivité de la psychiatrie

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Lors d’un débat au Sénat sur le thème des moyens alloués à la santé mentale, dans le cadre de la grande cause nationale 2025, le ministre chargé de la santé Yannick Neuder a réaffirmé ses priorités d’action avec notamment des axes spécifiques sur la psychiatrie liés à l’accès aux soins ou à la formation et l’attractivité du secteur. Ce qu’il faut en retenir.

Développer l’accès aux soins et renforcer la prévention

La première priorité du ministre est le développement de l’accès aux soins et le renforcement de la prévention. « L’investissement important des dernières années, avec une hausse de 42 %, soit de 3 milliards d’euros, du budget consacré à la santé mentale et à la psychiatrie entre 2020 et 2024, a permis de mettre en place de nombreux dispositifs de prévention et de repérage précoce ; le numéro national 3114, de prévention du suicide, les dispositifs VigilanS et Sentinelle, ainsi que la formation des médecins du travail à la détection des troubles psychiques en sont l’illustration. Ce sont autant de dispositifs qui prennent de l’ampleur et que je veux renforcer pour garantir un accès rapide aux soins psychologiques et psychiatriques« .

Yannick Neuder entend également poursuivre et amplifier la montée en charge de Mon soutien psy accessible et remboursé dès l’âge de 3 ans. « Ce dispositif fonctionne de mieux en mieux. Le dernier point d’étape sur ce dispositif a montré que plus de 500 psychologues supplémentaires avaient choisi de s’investir dans ce dispositif le mois dernier« .

Autre priorité : engager une réforme des urgences psychiatriques, afin de garantir une prise en charge adaptée dans chaque territoire et de désengorger les services hospitaliers, à la suite du rapport parlementaire remis en décembre dernier au ministre par les députées Sandrine Rousseau et Nicole Dubré-Chirat.

Former davantage de professionnels

Deuxième priorité défendue par Yannick Neuder, la formation et l’attractivité de la psychiatrie. « En effet, sans un surcroît de professionnels de santé engagés en psychiatrie, toutes les actions importantes que je viens de mentionner ne resteront que des vœux pieux« . Le ministre veut donc renforcer la formation de ces spécialistes et tout mettre en œuvre « pour que de plus en plus de jeunes aient envie de rejoindre cette discipline certes complexe mais essentielle, et qui reste encore, même dans le monde médical, mal connue, mal reconnue et mal comprise« . Précision du ministre en la matière, « permettre à plus d’étudiants en santé d’effectuer un stage en psychiatrie pendant leur cursus. Il en ira de même pour le cursus paramédical des infirmiers. Cela leur permettra de découvrir très concrètement cet univers plus tôt dans leurs études, alors que 37 % des futurs médecins avouent encore que la psychiatrie continue de leur « faire peur »« .

Le ministre a également insisté sur le fait de « devoir former davantage d’infirmiers, en partenariat avec les régions », regrettant la suppression il y a quelques années des infirmiers spécialisés en psychiatrie. « Je le répète, a-t-il martelé, « notre souhait est de pouvoir former plus et mieux les professionnels médicaux et paramédicaux, ainsi que les psychologues, afin de réduire les délais de prise en charge dans les centres médico-psychologiques et de restaurer l’image de la psychiatrie« .Il a également souhaité « favoriser l’engagement des paramédicaux, notamment par le développement des infirmiers en pratique avancée en psychiatrie« . Des mesures financières sont également prévues « pour renforcer l’attractivité du secteur« .

Quid des questions de sécurité

Interrogé par la sénatrice Guidez sur la sécurité des établissements psychiatriques, Yannick Neuder a affirmé devoir d’abord « sécuriser les infrastructures psychiatriques, afin de mieux protéger les patients« . Cela implique pour lui « de moderniser les unités et de prévoir une meilleure organisation des espaces, notamment pour les patients agités ou agressifs et ceux qui ont tendance à fuguer ».

Le ministre souhaite également voir renforcer les équipes spécialisées, notamment les équipes mobiles de crise ou d’après-crise, « afin d’anticiper les décompensations et d’éviter les hospitalisations sous contrainte, qui sont toujours très difficiles à mettre en œuvre, notamment pour les maires« .

Concernant la sécurité des soignants – le nombre d’agressions de soignants est d’environ 24 000 par an ; un chiffre probablement sous-estimé, Yannick Neuder a rappelé « que la proposition de loi de l’ancien député du groupe Horizons Philippe Pradal sera examinée au Sénat début mai« . Pour mémoire, elle permettra de renforcer les peines pénales, de rendre obligatoire la déclaration par les établissements des agressions de soignants, de favoriser le dépôt de plainte et surtout de rendre anonyme ce dernier, afin d’éviter que le personnel ne subisse des représailles.

En fin d’audition, le ministre a rappelé que « si ces mesures devraient permettre une meilleure prise en charge des patients, elles supposent, non pas une année entièrement dédiée à la santé mentale, mais plusieurs années de travail et des investissements pluriannuels« . Des propositions seront notamment faites lors d’un « comité interministériel de santé mentale » que le ministre tiendra en juin, dans le cadre de la Grande cause.

Séance du 9 avril 2025 à 22h, compte rendu intégral des débats : Yannick Neuder, ministre chargé de la santé, face au Sénateurs sur le thème des moyens alloués à la santé mentale, dans le cadre de la Grande cause nationale 2025. Regarder en vidéo.