Depuis la pandémie de Covid-19, en 2020, le télétravail s’est durablement installé dans le paysage professionnel. Selon cette étude, il expose à de nouveaux risques psychosociaux (RPS) dont les principales causes sont la distanciation sociale, l’intensification du travail et la difficile articulation entre vie professionnelle et vie familiale.
Proposée par la Direction de l’Animation de la recherche, des Études et des Statistiques (Dares) dans « La recherche en bref », cette revue de la littérature se concentre sur les risques psychosociaux (RPS) liés au télétravail (sans revenir sur ses apports). Elle en identifie trois grandes catégories : la distanciation des relations sociales, l’intensification du travail et la difficile articulation des temps de vie. Elle souligne aussi la complexité de démêler les effets spécifiques du télétravail de ceux liés au contexte exceptionnel de la crise sanitaire, tout en pointant les inégalités d’exposition selon les contextes professionnels et personnels.
Ce qu’il faut retenir
– Problématiques liées à la distanciation des rapports sociaux et la complexité d’organiser le travail : être à distance de la hiérarchie et à distance des collègues, avec une difficile planification des activités individuelles et collectives. Eloignés du collectif, le sentiment de bien-être des salariés se dégrade. Le risque d’isolement grandit avec la fréquence du télétravail, en particulier chez les personnes vivant seules.
– Problématiques liées à l’intensité du travail : dans ce contexte, on observe une amplitude élargie des horaires de travail. Les outils numériques facilitent l’activité en dehors des plages horaires habituelles. Travailler en horaires décalés permet de s’adapter à son environnement ou de mieux gérer ses contraintes familiales, au risque de créer des « déphasages par rapport aux rythmes de vie familiale et sociale ». Ces éléments entrainent des difficultés à gérer la charge de travail. L’hyperconnectivité, qui maintient une sollicitation constante, même en dehors des horaires officiels, accroit la surcharge mentale. Ces facteurs augmentent le risque d’épuisement professionnel.
– Problématiques liées à l’articulation des temps personnels et professionnels : un brouillage des frontières et une interférence avec la vie familiale s’installent. On observe également une réassignation des femmes au domicile : en distanciel, elles effectuent davantage de tâches ménagères et font plus souvent leur travail rémunéré en décalé. Les télétravailleuses ayant de jeunes enfants, qui jonglent entre exigences professionnelles et responsabilités familiales, ont la charge de travail la plus importante. Les frictions augmentent aussi les risques de violence domestique.
À ces risques psychosociaux, qui pèsent essentiellement sur la santé mentale des personnes salariées, s’ajoutent des risques physiques, propres au télétravail (problèmes musculo-squelettiques, tendance à la sédentarité, possibilité accrue de recourir à des substances addictives et accidents de travail spécifiques au travail à domicile). L’existence de ces risques ne signifie nullement qu’ils surviendront certainement dans le quotidien des télétravailleurs et télétravailleuses. En revanche, ils doivent être correctement identifiés par les organisations et les acteurs de la prévention et de la santé au travail.
• Les risques psychosociaux associés au développement du télétravail, Louis-Alexandre Erb, 27 mars 2025 , Recherche en bref N°1, Dares.