TDAH : une nouvelle étude sur l’impact cardiovasculaire des médicaments

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Depuis plusieurs années, des interrogations existent sur les effets secondaires cardiovasculaires de certains médicaments dans le cadre du Trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Cette nouvelle analyse confirme que le rapport bénéfice-risque reste favorable, tout en soulignant l’importance d’un suivi médical attentif. Communiqué.

Une nouvelle étude coordonnée par l’Université de Southampton, le CHU de Toulouse et l’Université de Toulouse a révélé que les médicaments utilisés dans le cadre du Trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) ont globalement de faibles effets sur la pression artérielle et la fréquence cardiaque après plusieurs semaines ou quelques mois d’utilisation.

Impact des médicaments pour le TDAH sur le cœur : un rapport bénéfice-risque favorable

L’étude, publiée dans The Lancet Psychiatry, a mené l’analyse la plus vaste et la plus complète des effets cardiovasculaires des médicaments pour le TDAH, basée sur les résultats d’essais contrôlés randomisés – le type d’étude clinique le plus rigoureux pour évaluer les effets des médicaments. « Lorsqu’il s’agit de prendre un médicament, les risques et les bénéfices doivent toujours être évalués ensemble. Nous avons constaté une augmentation globale faible de la pression artérielle et du pouls pour la majorité des enfants prenant des médicaments pour le TDAH. D’autres études montrent des bénéfices clairs en termes de réduction du risque de mortalité et d’amélioration des performances scolaires, avec un risque légèrement accru d’hypertension, mais pas d’autres maladies cardiovasculaires. Globalement, le rapport risque- bénéfice est rassurant pour les personnes prenant des médicaments pour le TDAH », déclarent les pédopsychiatres et chercheurs Pr Samuele Cortese et Pr Alexis Revet .

Une analyse de données inédite

L’équipe internationale de chercheurs a analysé des données provenant de 102 essais contrôlés randomisés, incluant un total de 22 702 participants atteints de TDAH. Ils ont utilisé une approche statistique avancée — l’analyse en réseau méta-analytique — qui leur a permis de comparer les effets de plusieurs médicaments, même lorsque les médicaments n’étaient pas directement comparés dans les essais inclus dans l’analyse. Ils ont constaté que tous les médicaments utilisés pour le TDAH étaient généralement associés à de faibles effets globaux sur la pression artérielle, la fréquence cardiaque et les paramètres ECG. À l’exception de la guanfacine (qui entraîne une diminution de la pression artérielle et de la fréquence cardiaque), les autres médicaments étaient associés une augmentation des valeurs de ces paramètres.

Aucune différence significative n’a été trouvée entre les stimulants (y compris le méthylphénidate et l’amphétamine) et les non-stimulants (atomoxétine et viloxazine) en ce qui concerne leurs effets sur la pression artérielle et la fréquence cardiaque.

« Nos découvertes devraient informer les futures directives cliniques, soulignant la nécessité de surveiller systématiquement la pression artérielle et la fréquence cardiaque, tant pour les stimulants que pour les non-
stimulants.
Cela devrait être particulièrement pertinent pour les praticiens qui pourraient supposer que seuls les stimulants ont un effet négatif sur le système cardiovasculaire »,
précise le Dr Farhat

En ce sens, les chercheurs indiquent que les personnes ayant des problèmes cardiaques existants devraient discuter des effets secondaires des médicaments pour le TDAH avec un cardiologue avant de commencer le traitement. « Nos résultats, basés sur des essais contrôlés randomisés qui ont tendance à être de courte durée en raison de contraintes éthiques, devraient être complétés par des résultats d’études à plus long terme en conditions réelles », soulignent les Pr Cortese et Pr Revet.

« Bien que nos résultats soient informatifs au niveau du groupe, c’est-à-dire en moyenne, nous ne pouvons pas exclure qu’un sous-groupe d’individus présente un risque plus élevé d’altérations cardiovasculaires plus importantes. Bien qu’il soit actuellement impossible d’identifier ces individus à risque plus élevé, des efforts basés sur des approches de médecine de précision devraient fournir des informations importantes à l’avenir », concluent les Pr Cortese et le Pr Revet

• TDAH : nouvelle étude sur les effets des médicaments sur le cœur, communiqué du CHU de Toulouse,

• « Comparative cardiovascular safety of medications for attention-deficit hyperactivity disorder in children, adolescents, and adults: a systematic review and network meta-analysis » publié le 6 avril 2025 dans Lancet psychiatry (Impact factor : 30,8) DOI : https://doi.org/10.1016/S2215-0366(25)00062-8

N° 292 - Novembre 2024

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