La Conférence des doyens de médecine précise son projet pour l’évolution des études

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Stabiliser et simplifier les réformes pédagogiques en cours, promouvoir le bien être des étudiants et prévenir les violences sexuelles et sexistes, renforcer la dynamique d’universitarisation des formations paramédicales, revenir à une voie unique d’accès aux études de santé (qui ne soit pas la Paces)… La conférence de doyens de médecine précise son programme.

En conférence de presse le 1er avril, Isabelle Laffont, doyenne de la faculté de médecine de Montpellier-Nîmes et Marc Humbert, doyen de la faculté de médecine de Paris Saclay, ont présenté les axes principaux de leur action à venir à la tête de la Conférence des doyennes et doyens de facultés de médecine (CDD). Ils ont en effet été élus Présidente et Vice Président le 4 mars dernier, en portant un projet « à la fois ambitieux et raisonnable » pour accompagner les évolutions pédagogiques nécessaires.

En introduction, Isabelle Laffont et Marc Humbert soulignent l’importance de l’enseignement et de la recherche biomédicale qui sont au cœur de l’excellence de la médecine française, et qu’ils considèrent comme des leviers de transformation du système de santé. Ils insistent sur « la responsabilité sociale et sociétale des Facultés de médecine, ainsi que sur leur responsabilité territoriale ».

Ils expriment leur détermination à promouvoir le bien-être étudiant, à prévenir les Violences Sexistes et Sexuelles (VSS) et les Risques Psycho-Sociaux (RPS). Ils en font l’une des priorités de leur mandat.

Évoquant les mouvements actuels qui remettent en cause les fondements et les acquis de la Science, Isabelle Laffont et Marc Humbert défendent une recherche ouverte au niveau international, qui continue à favoriser les échanges d’étudiants en développant les stages (Programme Erasmus) et la mobilité des chercheurs en Europe et dans le monde. Ils affirment leur soutien aux scientifiques étrangers confrontés à des difficultés croissantes dans certains pays comme les États-Unis. 

La CDD réaffirme ainsi son soutien au mouvement international « Stand up for Science ».

• La volonté de conforter l’implication des Facultés de Médecine/Santé dans le pilotage de la recherche biomédicale en France. La conférence des doyens est engagée dans plusieurs instances nationales afin de promouvoir les politiques liées à la recherche et à l’innovation biomédicale. Elle doit renforcer ses actions.

• La détermination à défendre et à moderniser le modèle hospitalo-universitaire français qui repose sur cette synergie entre les Facultés de Médecine/Santé, les Universités, et les CHU, en liens avec tous les acteurs. Ce modèle contribue au rayonnement et à l’excellence de la médecine française. Il nécessite une augmentation du nombre de personnels hospitalo-universitaires et une attention particulière à l’attractivité de ces statuts.

• L’ambition de stabiliser, d’améliorer et de simplifier les nombreuses réformes pédagogiques des formations en santé qui ont été déployées ces dix dernières années. « Nous devons évoluer tout en préservant ce qui fonctionne bien », précise la nouvelle présidente.

• L’importance de ne pas multiplier les Facultés de Médecine/Santé en France, mais la nécessité de territorialiser l’offre de formations en santé où il est essentiel que les facultés restent intégrées à de grandes Universités pluridisciplinaires, tout en déployant des stages et des équipes pédagogiques dans les territoires. 

• La volonté des Facultés de Médecine/Santé, déjà engagées dans l’universitarisation des formations paramédicales à travers la formation des Infirmiers/infirmières en pratique avancée (IPA), de soutenir la poursuite de cette dynamique d’universitarisation et de l’étendre à d’autres formations à condition d’avoir les moyens matériels et humains de le faire.

• L’engagement à promouvoir le bien être étudiant et à prévenir les Violences Sexistes et Sexuelles, ainsi que les Risques Psycho-Sociaux.

Concernant le récent projet de loi visant à améliorer l’accès aux soins dans les « déserts médicaux » porté par le député Garot, les Doyens proposent la création d’un statut d’assistant territorial pour répondre à l’urgence de la situation. Ces postes, dont l’implantation serait décidée par les Agences Régionales de Santé et fléchée dans les zones sous-denses, devraient être suffisamment incitatifs (avantages statutaires et financiers) pour que les jeunes médecins s’en saisissent au sortir de l’internat. 

Les Doyens défendent la qualité de la formation des futurs médecins. Cela nécessite un encadrement pédagogique de qualité avec suffisamment d’enseignants hospitalo-universitaires, une augmentation du nombre de personnels administratifs dans les universités, d’avantage de locaux adaptés aux nouvelles modalités de formation, en particulier par la simulation, et une organisation territoriale des lieux de stage. 

Ils insistent sur la nécessité de ne pas multiplier les réformes mais de simplifier, améliorer et sécuriser les deux dernières réformes des études médicales et la réforme de l’entrée en études de santé (REES) de 2019. Ils demandent plus de moyens pour les Universités, et le respect de l’autonomie des Universités.

Ils rappellent que le nombre d’étudiants admis en seconde année de médecine a été augmenté de 18% en trois ans après la REES de 2019, et a atteint cette année près de 11500 étudiants. Ils proposent de simplifier le dispositif PASS/LAS en allant vers une voie unique qui ne soit pas un retour à la PACES, en sélectionnant les étudiants sur un même corpus de connaissance pour être admis en médecine, en gardant des enseignements hors santé construits avec les autres composantes des Universités, et en préservant la « marche en avant » sans redoublement, ainsi que la seconde chance pour entrer en médecine.

• Conférence des doyens et doyennes de facultés de médecine, 4 avril, voir le communiqué détaillé en ligne