Haltes soins addictions : l’Etat poursuivi en justice pour inaction

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Si les Haltes soins addictions (« salles de shoot ») constituent un dispositif « éprouvé », dont l’utilité fait clairement consensus sur le plan scientifique et institutionnel, elles ne sont toujours pas pérennisées. Alors que l’expérimentation prendra fin en décembre 2025, des associations se mobilisent. Dans un communiqué (ci-dessous), la Fédération Addiction annonce ainsi s’associer aux contentieux de Médecins du monde contre l’Etat.

Médecins du Monde initie deux procédures contentieuses inédites en matière de réduction des risques : cette démarche vise à dénoncer l’obstruction de l’État à la mise en place de haltes soins addictions (HSA), dispositifs pourtant essentiels pour garantir l’accès aux soins des personnes les plus marginalisées.

La Fédération Addiction s’associe à cette action en justice, convaincue que l’absence de création de nouvelles HSA constitue une faute grave de l’État. Cette inaction délibérée prive des milliers de personnes d’un accès effectif à la santé, accentue leur précarisation et les expose à des risques sanitaires majeurs.

Les Haltes soins addictions, c'est quoi ?
Une Halte soins addictions est un dispositif de santé publique qui permet l’accueil d’usagers de drogues par une équipe professionnelle pluridisciplinaire (infirmiers, médecins, éducateurs, assistants sociaux…).
Les objectifs des haltes soins addictions sont pluriels :
– Réduire les risques de décès et de maladies graves pour les usagers de drogues à travers une consommation supervisée, dans un environnement respectant les règles d’hygiène fondamentales ;
– Accompagner les usagers de drogues en leur donnant accès à un service de santé et à un suivi social pour favoriser leur réinsertion et restaurer leur dignité ;
– Réduire l’usage de drogues et la présence de seringues dans l’espace public pour améliorer la sécurité et le cadre de vie des quartiers subissant des nuisances associées à la consommation de drogues.
(Extrait https://mairie10.paris.fr/pages/salle-de-consommation-a-moindre-risque-14415)

Haltes soins addictions : un dispositif éprouvé, toujours non pérennisé

Depuis leur lancement en 2016, les HSA ont démontré leur efficacité en matière de santé publique. Ces lieux offrent un cadre sécurisé de consommation, mais surtout un accompagnement global : consultations médicales, soutien social, accès aux droits. À Paris et Strasbourg, sur 10 ans, les HSA permettent d’éviter jusqu’à 69 % des overdoses, 71 % des passages aux urgences et 77 % des infections graves, selon une étude de l’INSERM.

Pourtant, à quelques mois de la fin de l’expérimentation prévue au 31 décembre 2025, aucune mesure concrète de pérennisation n’a été engagée par l’État. Pire encore, des décisions arbitraires, comme le refus d’ouverture d’une HSA à Marseille en janvier 2024, entravent gravement le développement de ces structures indispensables.

La Fédération Addiction alerte depuis plusieurs années sur les obstacles administratifs et politiques opposés aux HSA, malgré un consensus scientifique et institutionnel clair : le Conseil d’État, la défenseure des droits, la Cour des comptes ou encore dernièrement un rapport des inspections générales de l’administration et des affaires sociales ont tous reconnu leur utilité.

Défendre la santé publique

Cette mobilisation commune vise à réaffirmer un principe fondamental : les personnes usagères de drogues sont des citoyens à part entière, porteurs de droits. Il est urgent de recentrer l’action publique sur des réponses humaines, pragmatiques et efficaces.

En soutenant ces contentieux, la Fédération Addiction appelle à un changement de cap clair : pérenniser les HSA, les inscrire dans le droit commun, et mettre fin aux blocages politiques qui compromettent l’accès à la santé des personnes.

• En savoir plus sur le site de la Fédération Addiction. Voir aussi en ligne le dossier de presse de Médecins du monde.