Au CHU de Saint-Etienne, le dispositif Psy-15 permet de limiter le recours systématique aux urgences pour motif psychiatrique grâce à une gestion efficace des appels au Samu basée sur l’expertise clinique d’infirmiers.
Depuis 2021, à l’initiative du CHU de Saint-Étienne, le dispositif Psy-15 a été mis en place pour répondre aux appels pour motifs psychiatriques au sein du Centre de réception et de régulation des appels (CRRA) du Samu-Centre-15 et limiter le recours systématique aux Urgences. Il repose sur une collaboration innovante entre urgentistes et psychiatres et mobilise des infirmiers dotés d’une expérience de plusieurs années en psychiatrie du secteur qui disposent ainsi des compétences nécessaires à l’évaluation clinique et d’une bonne connaissance des ressources en aval. Par ailleurs, ils ont bénéficié de formations à l’évaluation téléphonique des crises psychiques et suicidaires. Présents de 9 heures à 17 h 30 en semaine, ils jouent ainsi un rôle clé dans la régulation des appels, tout en travaillant en synergie avec des psychiatres pour les cas complexes.
Dans ce contexte, une étude rétroactive et descriptive (1), menée en 2021 dans le cadre d’une thèse de médecine, a analysé 1 198 appels. Ceux-ci étaient répartis équitablement entre patients eux-mêmes (46,6 %) et leur entourage (53,4 %) et concernaient principalement des motifs d’angoisses (26,8 %), d’idées suicidaires (23 %) et d’agitation/agressivité (17,2 %). Les orientations proposées étaient les suivantes : 27,5 % des cas ont abouti à un envoi d’effecteurs (moyens envoyés sur site : Samu, Pompiers, ambulances privées…), tandis que la majorité des patients ont été dirigés vers des structures ambulatoires : centres médico-psychologiques (CMP), équipes mobiles de crise ou le Centre ambulatoire de crise (CAC). Psy-15 prévoit des délais d’intervention rapide : plages d’urgence dédiées en CMP, moins d’une semaine pour les autres services.
Ces résultats montrent que le dispositif permet une gestion spécifique et efficiente des urgences psychiatriques, grâce à une évaluation clinique à distance, une orientation sectorisée des patients et une réduction des passages non nécessaires aux urgences. Par ailleurs, en 2023, une enquête interne auprès des soignants a mis en évidence leur satisfaction, et une diminution de la charge de travail pour les médecins du Samu.
Ce modèle constitue une avancée majeure dans l’organisation. Le CHU de Saint-Etienne estime qu’une extension des horaires et des ressources supplémentaires sont nécessaires pour pérenniser voire étendre ce dispositif prometteur à l’échelle nationale.
1– E. Carrez, C. Massoubre, Pôle de psychiatrie, CHU St-Etienne.
• Contact : E. Vérot, Responsable du Dpt Sciences infirmières et techniques en santé-recherche paramédicale, CHU St-Etienne, elise.verot@univ-st-etienne.fr.
