Dans sa troisième partie consacrée à la prévention en matière de santé, le rapport annuel 2025 de la Cour des Comptes sur les politiques publiques en faveur des jeunes, s’arrête sur la question des addictions et des maisons des adolescents, un dispositif de première ligne pour accompagner les jeunes en situation de mal-être psychologique. Analyse et recommandations.
Ce rapport met en lumière les progrès réalisés mais aussi les faiblesses persistantes des dispositifs publics. Il souligne la nécessité d’une meilleure coordination des acteurs, d’un ciblage plus efficace des aides et d’une approche plus inclusive pour répondre aux besoins de tous les jeunes, en particulier les plus vulnérables. Pour la Cour des Comptes, « dans un contexte budgétaire contraint, l’investissement dans la jeunesse demeure une priorité stratégique pour garantir la cohésion sociale et la prospérité économique du pays« .
Quatre parties constituent ce rapport :
– la première analyse l’accès des jeunes à l’éducation et à la formation et met en avant les dispositifs permettant aux jeunes de construire leur avenir scolaire et professionnel ;
– la deuxième consacre quatre chapitres à l’aide à l’entrée dans la vie active et à l’autonomie, à travers l’analyse des politiques publiques facilitant l’insertion professionnelle et l’indépendance des jeunes. ;
– la troisième traite des politiques de prévention à destination de la jeunesse et met en lumière les actions préventives en matière de santé et de bien-être ;
– la quatrième et dernière partie est consacrée à l’apprentissage à la citoyenneté et à la vie dans la cité. Elle revient sur les dispositifs destinés à favoriser l’intégration des jeunes dans la société.
Deux points clefs en matière de santé mentale des jeunes
• Les addictions des jeunes aux drogues illicites et à l’alcool : enjeu majeur de santé publique nécessitant une stratégie renforcée de prévention et de prise en charge.
La consommation de drogues illicites et d’alcool par les jeunes, leur banalisation parfois, et les effets coûteux sur les plans sociaux et économiques des addictions, sont un enjeu de santé publique majeur et ce d’autant plus que la situation reste préoccupante en France. La réussite des politiques de prévention et de lutte contre ce fléau mises en œuvre dans les pays du Nord montre que la lutte contre les addictions peut être conduite plus efficacement. Elle passe par une politique de prévention et de soin ambitieuse, conçue pour mobiliser toute la société, afin de préserver l’avenir des jeunes de 12 à 25 ans.
La Cour formule à cet effet les recommandations suivantes :
– conduire une étude épidémiologique sur la situation des jeunes souffrant d’addictions (ministère de la santé et de l’accès aux soins, Observatoire français des drogues et des tendances addictives, Santé publique France) ;
– dresser un état des lieux, agrégé nationalement, de l’offre médico-sociale destinée aux jeunes en état de dépendance aux drogues ou à l’alcool et doter la stratégie interministérielle de mobilisation contre les conduites addictives d’objectifs chiffrés de réduction de la consommation de drogue et d’alcool chez les jeunes (ministère de la santé et de l’accès aux soins, Caisse nationale de l’assurance maladie, Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives, Observatoire français des drogues et des tendances addictives, Santé publique France) ;
– mobiliser les acteurs du monde éducatif, sanitaire et médico- social pour sensibiliser les jeunes aux risques addictifs des drogues illicites et de l’alcool, ainsi que pour repérer et orienter les jeunes consommateurs (ministère de l’éducation nationale, ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, ministère de la santé et de l’accès aux soins) ;
– lancer une campagne d’ampleur destinée aux jeunes pour les sensibiliser aux effets nocifs de la consommation de drogues illicites et d’alcool (ministère de la santé et de l’accès aux soins, Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives) ;
– mettre en place un prix minimum de l’unité d’alcool pur contenu dans chaque boisson, pour prévenir et réduire notamment la consommation des jeunes (ministère de la santé et de l’accès aux soins, ministère du budget et des comptes publics) (recommandation reformulée).

• Les maisons des adolescents, un dispositif de première ligne pour accompagner les jeunes en situation de mal-être psychologique.
Structures d’accueil intervenant dans le domaine sanitaire et social créées progressivement depuis le début des années 2000 les maisons des adolescents (MDA) accueillent, écoutent et orientent les jeunes de 11 à 21, voire 25 ans, leurs familles et les professionnels qui les accompagnent. En 2024, on en comptait 123 en activité. Financées principalement par l’assurance maladie, elles interviennent pour la plupart à l’échelle départementale.
Vingt ans après le lancement du dispositif au niveau national, les maisons des adolescents proposent un accompagnement pluridisciplinaire à des bénéficiaires de plus en plus nombreux, notamment depuis la crise sanitaire. Elles jouent un rôle important en matière de prévention, contribuant notamment à limiter l’engorgement des structures de prise en charge sanitaires. Les difficultés du secteur de la psychiatrie ne doivent cependant pas les conduire à se substituer aux structures spécialisées d’aval. Le pilotage déconcentré, exercé par les agences régionales de santé à partir d’un cahier des charges souple, ne permet pas de garantir aux adolescents un service équivalent sur l’ensemble du territoire. Le manque de lisibilité, la dispersion des moyens et l’hétérogénéité des compétences peuvent entraîner, à situation identique, des différences de nature et de qualité de l’accompagnement proposé. Sans remettre en cause la faculté des maisons des adolescents d’adapter leur accompagnement aux besoins des jeunes, la construction d’une offre minimale de prévention commune à toutes les structures doit être recherchée.
Dans ce contexte, la Cour formule les recommandations suivantes :
– améliorer la lisibilité de l’offre à destination des jeunes par la fusion des dispositifs maison des adolescents et point accueil- écoute jeunes en définissant l’accueil, l’accompagnement et les actions de prévention sanitaire et sociale comme leur socle de missions obligatoires (ministère de la santé et de l’accès aux soins, Caisse nationale des allocations – conduire une évaluation scientifique de l’impact des maisons des adolescents en matière de repérage et de prévention des pathologies somatiques et psychiques des adolescents (ministère de la santé et de l’accès aux soins) ;
– mieux tenir compte des besoins des territoires en définissant des critères d’attribution des financements (ministère de la santé et de l’accès aux soins).

• Rapport public annuel 2025 : Les politiques publiques en faveur des jeunes, Cour des Comptes, synthèse. 19 mars 2025.