Parkinson et démence : quelles solutions pour les troubles cognitifs ?

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La maladie de Parkinson est souvent associée à ses symptômes moteurs les plus visibles, comme les tremblements ou la rigidité musculaire. Cependant, elle s’accompagne également de troubles cognitifs qui, dans certains cas, peuvent évoluer vers une démence. Ces troubles représentent un défi de taille, non seulement pour les patients, mais aussi pour leurs proches.

Découvrez en détail la nature de ces troubles, les solutions disponibles pour les gérer, ainsi que les modalités de remboursement par la Sécurité sociale et les mutuelles santé.

Nature et prévalence

Les troubles cognitifs liés à la maladie de Parkinson apparaissent généralement à un stade avancé de la maladie. On estime que jusqu’à 30% des patients parkinsoniens développent des troubles cognitifs significatifs. Plus précisément, environ 40% d’entre eux finiront par souffrir de démence, souvent dix à quinze ans après l’apparition des premiers symptômes moteurs. Cette évolution est plus fréquente après 70 ans, bien qu’elle puisse survenir plus tôt dans certains cas.

Types de troubles cognitifs

Les troubles cognitifs dans la maladie de Parkinson se divisent en deux catégories principales :

  1. Les troubles cognitifs légers (MCI) : ils se manifestent par des difficultés de concentration, une lenteur de réflexion ou des problèmes d’organisation. Ces troubles n’affectent pas significativement l’autonomie du patient dans sa vie quotidienne.
  2. La démence parkinsonienne : il s’agit d’un déclin cognitif plus sévère, qui impacte fortement l’autonomie. Les patients éprouvent alors des difficultés à gérer les activités de base, comme se nourrir, s’habiller ou gérer leurs finances.

Les troubles cognitifs liés à la maladie de Parkinson ne se manifestent pas tous de la même manière ni avec la même intensité. Mais certains signes reviennent fréquemment et peuvent grandement affecter le quotidien.

Un ralentissement de la pensée

Les patients décrivent souvent une sensation de « cerveau au ralenti ». La réflexion devient plus lente, les réponses prennent plus de temps à venir, et même les gestes mentaux simples peuvent demander un effort.

Des difficultés visuo-spatiales

Cela peut se traduire par une mauvaise perception de l’espace, des difficultés à s’orienter, ou à reconnaître des lieux familiers. La mémoire visuelle peut également être altérée, rendant plus compliquées certaines tâches comme se repérer sur une carte ou se souvenir de l’emplacement d’objets.

Des troubles de l’organisation et de la planification

La capacité à organiser une action, à prendre des décisions ou à planifier une tâche peut être altérée. Cela rend les activités du quotidien plus difficiles, voire décourageantes, notamment lorsqu’il s’agit de gérer plusieurs étapes ou priorités.

Une concentration diminuée

La difficulté à rester concentré sur une activité est fréquente. Lire un livre, suivre une conversation ou simplement regarder un film peut devenir complexe car l’attention se disperse rapidement.

Des pertes de mémoire

Les oublis récents sont fréquents. Il ne s’agit pas forcément de pertes de mémoire sévères dès le départ, mais d’un effacement progressif des événements récents, ce qui peut perturber les interactions sociales et l’autonomie.

D’éventuelles hallucinations ou délires

Chez certains patients, surtout dans les stades plus avancés ou sous certains traitements, peuvent apparaître des hallucinations visuelles ou des idées délirantes. Ces symptômes ne sont pas systématiques mais doivent être pris au sérieux car ils peuvent affecter la qualité de vie et la relation à l’entourage.

Tous les patients atteints de la maladie de Parkinson ne développent pas forcément de troubles cognitifs. Cependant, certains facteurs de risque augmentent nettement la probabilité de voir apparaître ces troubles au fil du temps.

L’âge avancé

Le risque de déclin cognitif augmente avec l’âge. Les patients parkinsoniens âgés sont davantage exposés aux altérations des fonctions cognitives, notamment la mémoire et l’attention.

La sévérité des symptômes moteurs

Plus les symptômes moteurs sont marqués (rigidité, tremblements, lenteur), plus le risque de troubles cognitifs est élevé. Une maladie avancée sur le plan moteur peut être le reflet d’une atteinte neurologique plus diffuse.

La présence de troubles cognitifs légers

Un patient présentant déjà des troubles cognitifs légers a davantage de chances d’évoluer vers des formes plus sévères. Ces signes précoces doivent être surveillés de près.

Les hallucinations visuelles

Les hallucinations visuelles ne sont pas qu’un symptôme isolé. Leur présence est souvent corrélée à une plus grande vulnérabilité cognitive, notamment dans les formes dites à corps de Lewy.

La somnolence diurne excessive

Une grande fatigue en journée ou un besoin irrépressible de dormir peut signaler un dysfonctionnement neurologique plus global, incluant des zones impliquées dans la cognition.

La dépression

La dépression, fréquente dans la maladie de Parkinson, peut amplifier les troubles cognitifs ou masquer leur apparition. Elle est à la fois un facteur de risque et un symptôme à part entière à prendre en compte.

Les antécédents familiaux de troubles neurocognitifs

Avoir un terrain génétique favorable à des maladies neurodégénératives (comme Alzheimer ou la démence à corps de Lewy) peut accroître le risque de développer des troubles cognitifs dans le cadre de Parkinson.

Le blocage de la marche (freezing)

Ce symptôme moteur spécifique, qui se traduit par une incapacité soudaine à initier la marche, est souvent associé à un risque accru de déclin cognitif, en particulier dans les fonctions exécutives.

Traitements médicamenteux

À ce jour, aucun traitement ne permet de ralentir ou de prévenir les troubles neurocognitifs liés à la maladie de Parkinson. Cependant, certains médicaments peuvent aider à gérer les symptômes :

  • Les inhibiteurs de la cholinestérase : utilisés dans la maladie d’Alzheimer, ils peuvent aussi être efficaces pour les troubles cognitifs liés à Parkinson. Parmi eux, on trouve la rivastigmine (Exelon®), la galantamine (Reminyl®) et le donépézil (Aricept®).
  • La pimavansérine : cet antipsychotique est parfois prescrit pour traiter les hallucinations et les délires chez les patients parkinsoniens.

Il est important de noter que l’efficacité de ces traitements reste limitée. Néanmoins, un traitement antiparkinsonien bien équilibré peut aider à limiter les autres symptômes qui aggravent les troubles cognitifs.

Approches non médicamenteuses

Les stratégies non médicamenteuses jouent un rôle essentiel dans la gestion des troubles cognitifs :

  • L’ergothérapie et la physiothérapie : elles aident à maintenir la mobilité et l’équilibre ;
  • La thérapie du langage : elle peut atténuer les difficultés de communication ;
  • Le maintien d’activités physiques, sociales et intellectuelles : rester actif est crucial pour stimuler les fonctions cognitives. Les activités sociales (jeux de société, sorties) et intellectuelles (lecture, mots fléchés) sont particulièrement recommandées ;
  • L’aménagement de l’environnement : un cadre calme et sans distractions facilite les tâches intellectuelles.

Couverture par la Sécurité sociale

La maladie de Parkinson est classée comme une Affection de Longue Durée (ALD), ce qui permet une prise en charge à 100 % par la Sécurité sociale des soins liés à la maladie.

Cette couverture inclut :

  • Les consultations et examens nécessaires ;
  • Les médicaments spécifiques ;
  • Les soins annexes (kinésithérapie, orthophonie, etc.) ;
  • Les frais de transport pour les soins ;
  • Le matériel médical, dans la limite des tarifs de l’Assurance Maladie.

Ce qui n’est pas couvert à 100 %

Certains éléments ne sont pas intégralement pris en charge :

  • Les dépassements d’honoraires ;
  • Les écarts de tarifs pour le matériel médical ;
  • Le forfait hospitalier pour les séjours de plus d’une journée.

Rôle de la mutuelle santé

La mutuelle santé complète la prise en charge de la Sécurité sociale. Il est donc essentiel de vérifier les modalités de remboursement avec sa complémentaire santé, notamment pour les dépassements d’honoraires et les soins spécialisés.

Cas particulier du bilan neuropsychologique

Le bilan neuropsychologique, essentiel pour évaluer les fonctions cognitives, est partiellement remboursé. Les montants varient selon le contexte mais une complémentaire santé adaptée peut améliorer la prise en charge.

Aides financières complémentaires

D’autres aides peuvent être mobilisées, comme l’Allocation aux Adultes Handicapés (AAH) ou l’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA) pour les personnes âgées.

Pour conclure, la prise en charge des troubles cognitifs dans la maladie de Parkinson nécessite une approche globale, combinant traitements médicamenteux et stratégies non médicamenteuses. Si la Sécurité sociale assure une couverture de base, le rôle des mutuelles santé reste crucial pour compléter cette prise en charge. Une coordination efficace entre les différents acteurs médicaux et les aidants est essentielle pour optimiser la qualité de vie des patients.

Bien que les troubles cognitifs représentent un défi majeur, les solutions existantes permettent d’en atténuer l’impact lorsqu’elles sont mises en œuvre de manière adaptée et personnalisée.

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