Dans la lettre du Groupement de coopération sanitaire pour la recherche et la formation initiale de mars 2025, Fanny Mériaux et Valérie Brilleman, intervenantes pairs au Centre de Co-Formation au Rétablissement (COFOR Hauts de France), nous expliquent leur engagement et leur rôle au service du collectif.
Qu’est-ce que le Centre de Co-Formation au Rétablissement (COFOR) ?
Valérie Brilleman : C’est un lieu inspiré par les modèles des recovery college anglo-saxons (voir encadré) où sont co-construits des modules de formation au rétablissement personnel en santé mentale. Les membres peuvent être intervenants pairs ou étudiants. Ils sont considérés comme des citoyens et pas comme des personnes souffrantes.
Fanny Mériaux : On compte actuellement un peu plus de 220 recovery college dans 28 pays. Ils contribuent à la diminution de la stigmatisation et à la production d’un savoir partagé par les personnes concernées par un trouble psychique. Il s’agit de travailler sur les forces, les capacités, les ressources, et non les faiblesses des personnes. Pour les aider à passer du statut d’usagers à celui de personnes. Il ne s’agit pas d’un groupe de parole ou d’un Groupe d’entraide mutuelle (GEM), et ce n’est pas de l’éducation thérapeutique du patient (ETP). A ma connaissance, il en existe deux en France actuellement, le nôtre et celui de Marseille, qui nous a beaucoup inspiré (voir notre article).
Comment êtes-vous organisés ?
FM : Les formations sont co-construites au cours de focus-groups auxquels tout le monde est invité à participer, personnes concernées, professionnels ou autres. La parole et l’expérience, mais aussi les savoir expérientiels sont valorisés dans un objectif de mutualiser les ressources, envies, compétences et forces de chacun et stimuler le pouvoir d’agir des personnes concernées ainsi que leur auto-détermination au sein d’une communauté apprenante et d’auto-support. Sont identifiés ensemble les thèmes et le contenu des séances. Toutes les décisions sont prises lors des focus-group : par exemple, a été décidé que tous les intervenants ont la même rémunération, qu’ils soient professionnels de tout secteurs d’activités ou personne n’ayant pas eu d’expérience antérieure d’intervention en formation, dans une logique de reconnaissance des savoir expérientiels, comme aussi importants que les savoirs académiques.
VB : La formation comporte quatre modules : Bien-être ; Connaissance de soi ; Relations ; Droits. Chacun de ces modules comporte 12 séances de trois heures, qui ont lieu les lundis matins. Ce sont des moments de partage des savoirs expérientiels. L’idée n’est pas de dispenser une formation descendante. Un binôme d’intervenants pairs ou, un intervenant pair et un intervenant professionnel, animent les séances. Ces temps sont préparés entre les intervenants et les « fils rouges ». Les fils rouges sont les pivots du COFOR. Ils facilitent le déroulement des séances et sont garants de l’horizontalité des échanges entre les étudiants et lorsqu’un professionnel est impliqué. Ils ont un rôle de tutorat et de mentorat. Ils animent les focus-groups dont le but est de définir le contenu de la formation, et s’assurent du lien avec les partenaires qui nous soutiennent comme le CREHPSY, l’ARS, l’IRTS, la Maison des usagers de Lille et l’AISSMC.
Combien de personnes sont impliquées ?
FM : Depuis 2023, 90 personnes ont participé à au moins un module. Nous en sommes à la seconde promotion d’étudiants ayant participé à nos sessions de quatre modules. Sachant que chaque module réunit en moyenne une quinzaine de personnes, et que tous les étudiants ne participent pas à tous les module
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Les « Recovery colleges » visent à soutenir le bien-être et le rétablissement des personnes en valorisant le développement de connaissances et compétences, le partage de savoirs théoriques et expérientiels et l’utilisation prioritaire du soutien entre pairs et des ressources du milieu naturel. Ce modèle complémentaire aux soins psychiatriques est articulé selon une approche éducative centrée sur le rétablissement et les forces, dans une diversité sociale où toutes les personnes (avec ou sans difficultés mentales, parents, prestataires de services de santé, praticiens de l’éducation et de la gestion, et citoyens, etc.) ont accès à une formation sur la santé mentale, le rétablissement et le bien-être fondée sur des preuves.