Utiliser un produit à base de cannabidiol (CBD) en même temps que certains médicaments peut réduire leur efficacité ou augmenter leurs effets indésirables. L’Agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé (ANSM) alerte sur ces interactions qui peuvent faire courir aux patients des risques pour leur santé.
Depuis 2021, le cannabidiol (CBD) est commercialisé sous différentes formes : huiles buvables, tisanes, bonbons, gâteaux, e-liquides pour cigarette électronique, comprimés. Pour appel (1), le principal composé psychoactif du cannabis est le tétrahydrocannabinol (THC), classé comme psychotrope. Le cannabidiol (CBD), également présent en grande quantité dans la plante, ne possède pas les mêmes propriétés « récréatives » que le TCH et n’est pas classé comme stupéfiant ou psychotrope. Il présente cependant aussi des effets psychoactifs via une interaction avec le système sérotoninergique qui explique son effet apaisant (la sérotonine est un neurotransmetteur cérébral intervenant notamment dans la régulation de l’humeur, du sommeil, de la douleur). Dans une information du 11 mars, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) alerte sur le fait que l’usage de CBD en même temps que certains médicaments peut réduire leur efficacité ou augmenter leurs effets indésirables.
Entre 2017 et 2023, les centres antipoison ont ainsi recensé 58 cas d’interactions entre médicaments et CBD, survenus après consommation de produits à base de cannabidiol. Sur la période 2021 et 2022, les centres régionaux de pharmacovigilance (CRPV) et les centres d’évaluation et d’information sur la pharmacodépendance-addictovigilance (Ceip-A) ont recensé 4 cas graves d’interactions médicamenteuses, un chiffre « sans doute fortement sous-évalué » selon l’Agence.
L’ANSM publie une liste « non exhaustive » de médicaments pouvant interagir avec le CBD. On y trouve notamment des antidépresseurs (amitriptyline, citalopram, escitalopram, bupropion), des antiépileptiques (acide valproïque, lamotrigine, phénytoïne, carbamazépine, oxcarbazépine, phénobarbital, topiramate, stiripentol), des antipsychotiques (clozapine, lithium), des hypnotiques et benzodiazépines (zolpidem, ramelteon, tasimelteon, clobazam, lorazépam) et un traitement de substitution des opiacés (méthadone). Dans ce contexte, l’ANSM publie des informations en direction des usagers, des pharmaciens et des médecins et recommande aux professionnels d’interroger les patients « sur leur consommation éventuelle ». Il s’agit de les sensibiliser aux effets inhabituels après la consommation d’un produit contenant du CBD (nausées, diarrhées, vertiges, somnolence, fatigue, maux de tête, idées et comportements suicidaires, crises d’épilepsie… ) et d’informer sur les risques d’interactions dans une perspective de prévention.
1– Cannabidiol (CBD) non médical : définition et précautions d’utilisation, site Ameli, www.ameli.fr, 28 février 2025
• « Mélanger CBD et médicaments, ce n’est jamais anodin », communiqué de l’ANSM, 11 mars 2025.