A l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes le 25 novembre 2024, l’association Coactis Santé, qui œuvre en faveur de l’accès aux soins des personnes en situation de handicap, publie une nouvelle fiche-conseils de la série “Les Violences” sur Handiconnect.fr (N°S7c).
Plus exposées, les personnes en situation de handicap présentent un risque accru de troubles psychotraumatiques, souvent plus intenses et complexes que dans la population générale, notamment chez les femmes, les enfants et les personnes autistes. Ainsi, près d’une femme handicapée sur cinq indique avoir déjà été violée (16%), soit une proportion record et supérieure à celle mesurée auprès de l’ensemble des femmes (9%), des hommes handicapés (9%) et de l’ensemble des hommes (3%) (enquête Ipsos/Ladapt, novembre 2022).
Pourtant, le diagnostic de ces troubles reste souvent sous-estimé, faute de signes évidents ou de difficultés de communication mais aussi par méconnaissance du monde médical et de préjugés discriminatoires. Ces victimes demeurent invisibles.
Des clés pour rompre le silence
Pour mettre fin à ce tabou, Coactis Santé s’engage. A l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, l’association, qui œuvre en faveur de l’accès aux soins des personnes en situation de handicap, publie une nouvelle fiche-conseils de la série “Les Violences” sur Handiconnect.fr(N°S7c).
Son objectif ? Offrir aux professionnels du soin et de la santé des outils concrets pour repérer des signaux souvent discrets de psychotraumatisme, accompagner le patient et alerter lorsque cela est nécessaire.
« Une jeune femme non oralisante ne parvenait plus à s’asseoir sur son fauteuil roulant. On a mis en cause la qualité de son assise et changé son coussin. En réalité, elle était victime de viol. Les proches et médecins ont tendance à mettre la plupart des comportements en lien avec le psychotrauma sur le compte du handicap. Sans une action concrète, nous fermons les yeux sur une détresse qui se cache derrière le silence. En tant que professionnels, nous avons la responsabilité de reconnaître ces signes et devons à ces victimes une écoute et une réponse adaptées à leur traumatisme. Ne pas le prendre en compte est un déni d’humanité ».
Marie Rabatel, Présidente de l’Association francophone des femmes autistes et experte du groupe de travail HandiConnect.fr sur les violences
Ne pas confondre psychotrauma et handicap !
Ces clés de compréhension sont indispensables. Certains troubles psychotraumatiques, comme le repli sur soi, les troubles du sommeil ou de l’alimentation, peuvent facilement être confondus avec des manifestations liées au handicap, entraînant des erreurs de diagnostic et des soins inadaptés. Certaines victimes expriment parfois leur détresse sans mots, uniquement via le langage corporel. Cette nouvelle fiche « HandiConnect.fr » donne aux soignants des repères pour reconnaître les comportements qui traduisent une souffrance masquée.
L’enjeu est d’autant plus crucial que le traumatisme psychologique peut aggraver le handicap et la vulnérabilité, impactant la santé psychique et somatique augmentant le seuil de tolérance à la douleur et exposant les victimes à des violences répétées.
Diriger vers les bons interlocuteurs
Au-delà de l’identification, cette fiche oriente vers les ressources spécialisées. En France, 17 centres régionaux de psychotrauma (CRP), encore en nombre insuffisant, accueillent les victimes grâce à des équipes médicales et psychologiques expertes. Une sélection d’ouvrages de référence est également disponible pour approfondir le sujet.
Parole d’expertes !
Cette fiche a été co-construite par Dr Muriel Salmona (psychiatre, présidente de l’Association Mémoire Traumatique et Victimologie) et Marie Rabatel (présidente de l’Association Francophone des Femmes Autistes). Elle vient compléter celle consacrée aux « violences conjugales et sexuelles faites aux adultes en situation de handicap » publiée en 2023.
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