Pour favoriser le déploiement de la pratique avancée infirmière au sein des établissements de santé et médico-social, une contribution commune de cinq associations* professionnelles du secteur de la santé émet des vigilances et des éléments de bonnes pratiques.
Face à un constat partagé d’une implantation de la pratique avancée infirmière hétérogène sur le territoire national, et parfois même au sein d’un même établissement, cette contribution** attire l’attention sur des éléments limitatifs sur le terrain et émettent des éléments de bonne pratique visant à les amoindrir.
En premier lieu, les cinq associations insistent sur « un nécessaire pilotage managérial du développement de la pratique IPA au sein des établissements de santé et des territoires« . La bonne intégration de ces nouveaux professionnels passe donc par une compréhension partagé du contexte et des enjeux de la pratique avancée en soins infirmiers. De plus, « tous les acteurs doivent être engagés« . Ainsi, la politique de déploiement doit être portée au niveau institutionnel par le directeur général, le président de la commission médicale d’établissement (PCME) et le coordonnateur général des soins dans une vision stratégique commune. L’engagement de l’ensemble des praticiens de l’établissement est en effet « un élément fondamental pour garantir le développement de la fonction au sein du service ou du pôle, en faisant apparaitre la pratique avancée dans les projets de service« .
Les signataires soulignent également la nécessité de « marquer des temps institutionnellement, avant, pendant et après la formation de l’IPA « : préparation du projet d’intégration, pertinence de la solution au regard du besoin identifié, clarification entre la délégation de tâches et la pratique avancée, accompagnement de la prise de poste. Afin de « dépasser les réticences« . Au-delà de la notion de lien hiérarchique et de lien fonctionnel, il est conseillé « de bien définir le cadre des interventions médecin/ IPA« . Le projet médico-soignant est ici un outil précieux pour la définition de l’organisation. Il y aussi nécessité « d’une bonne collaboration entre l’IPA et le cadre de santé« , l’un étant porteur d’un leadership clinique et l’autre d’un leadership managérial.
Les associations se positionnent également sur le pilotage institutionnel du projet IPA. « Chaque établissement doit pouvoir trouver la structuration la plus adaptée, néanmoins le pilotage du projet se structure à l’échelle de l’établissement, voire au niveau territorial« . Sur ce point, il est important d’aboutir à une valorisation de l’exercice d’IPA, notamment au niveau territorial. La mise en place d’une référente IPA au sein de l’établissement est également une pratique courante. Son rôle est important pour assurer un lien direct avec la hiérarchie des IPA et faciliter ainsi la communication.
Le suivi de l’activité et une évaluation médico-économique doivent par ailleurs être mis en place. « Il est indispensable d’identifier la plus-value de l’activité IPA avec des indicateurs partagés mais la file active n’est absolument pas un bon indicateur« , écrivent les associations. Le temps de recherche des IPA doit être reconnu et valorisé et un lien avec le département d’information médicale (DIM) pour le codage est également important notamment au regard de la complexité de codage de l’activité. Au-delà du rapport annuel, l’évaluation peut passer également « par une revue du protocole d’organisation (résultats attendus, bénéfices patients, bénéfices pour les professionnels de santé…)
mais également la satisfaction des professionnels et des patients.«
Enfin, sur la question de la valorisation financière des IPA, les associations soulignent « que les rémunérations actuelles des IPA ne permettent pas de rendre la fonction attractive, avec une perte financière dans certains cas. La dimension territoriale doit par ailleurs être valorisée« .
Quant aux modalités de prise en charge de la formation IPA, il semble également important de les homogénéiser avec une inclusion systématique dans la formation professionnelle. Mais le financement par la promotion professionnelle « reste un frein au regard de la limitation des enveloppes et du nombre croissant de formations à financer« .
Depuis cinq ans que les IPA ont rejoint le paysage des professions de santé en France, selon les données du Conseil national professionnel (CNP) IPA, 3100 infirmiers ont reçu leur diplôme de pratique avancée tandis que 1500 sont actuellement en formation.
* Association des directeurs d’hôpital (ADH), cassociation pour le développement des ressources humaines dans les établissements sanitaires et sociaux (Adrhess), l’Association nationale française des infirmiers en pratique avancée (Anfipa), association des cadres de santé (Ancim) et Association française des directeurs des soins (AFDS).
**Le volet formation et évolution des mentions ne sera volontairement pas abordé dans ce premier travail commun. Néanmoins, les travaux ou réflexions en cours feront l’objet d’un suivi.