Dans un communique intitulé « La pluralité n’est pas une option ! » le Syndicat National des Psychologues (SNG) rappelle qu’« en matière de soin psychologique, considérer qu’une approche unique serait pertinente revient à potentiellement mettre en danger certaines personnes pour lesquelles une autre serait plus indiquée ».
« Alors que l’on voit régulièrement apparaître, ces dernières semaines encore, dans certains journaux ou
médias (1), les sempiternels marronniers sur l’inefficacité ou le danger de telle ou telle approche théorique
en psychologie, le Syndicat National des Psychologues juge utile de rappeler quelques éléments
fondamentaux.
Rappelons qu’en psychologie, aucune méthode ne peut convenir à tous les patients et à toutes
les personnes. Prétendre le contraire est le fruit d’une grave méconnaissance. La psychologie est bien
une activité prudentielle au sens d’Aristote, c’est-à-dire qu’il n’est pas possible de prévoir un protocole
figé en amont de la rencontre avec la personne. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la
psychologie est une science humaine. Il y a un travail permanent d’ajustement à la singularité de
la personne et l’adaptation de la méthode et de l’approche en font partie. Une approche unique
signerait la disparition de la discipline. En matière de soin psychologique, considérer qu’une approche
unique serait pertinente revient à potentiellement mettre en danger certaines personnes pour lesquelles
une autre serait plus indiquée.
Les clivages théoriques et les fortes oppositions entre des courants théoriques différents ont eu cours
pendant de très nombreuses années entraînant une partie de la profession dans des luttes internes peu
productives. Continuer à opposer des courants théoriques, qui sont pourtant complémentaires et
s’articulent sans difficulté sur le terrain, manque de sérieux et relève de luttes dépassées et d’un
autre siècle.
Le SNP a toujours défendu la pluralité des approches, ce qui signifie clairement que chaque méthode et
chaque approche a droit de cité et doit être utilisée en fonction de la situation clinique de la
personne rencontrée. Il se situe en dehors des luttes entre courants théoriques. La psychologie est
plurielle à la fois dans ses champs d’exercice et ses apports sur le terrain, il en est de même au niveau
des théories et des approches que peut utiliser chaque psychologue. C’est d’ailleurs ce que précise le
code de déontologie dans son article 5 au sujet de la responsabilité et de l’autonomie professionnelle.
Nous sommes particulièrement interpellés par certains médias qui, sans compétences particulières en
la matière et en sélectionnant assez aléatoirement les “experts” et les études scientifiques, créent
artificiellement les conditions d’une fracture dans la profession au lieu de mettre en avant la
complémentarité réelle d’approches théoriques différentes, et induisent en erreur, voire même mettent
potentiellement en danger le public profane. Ainsi, il y aurait donc les bonnes théories et les mauvaises
théories et donc les bons psychologues et les mauvais psychologues. Le discrédit jeté sur des
psychologues, à partir de leurs pratiques, est non seulement injuste, mais tout à fait inacceptable pour
le syndicat professionnel que nous sommes.
Aucun média n’a à dire aux psychologues la manière dont ils doivent travailler, ni prescrire au
public ce qui serait bon pour lui en matière de soin psychologique. Les psychologues sont
compétents pour savoir quelle est la prise en charge la plus pertinente pour leur patients et
savent les réorienter si besoin. Les psychologues sont autonomes dans leurs méthodes et dans
leurs approches théoriques et ils entendent le rester. »
(1) Exemple récent avec un dossier de l’Express qui avait pour titre : Faut-il en finir avec la psychanalyse ? en date du 08 août 2024
SNP, communiqué du 4 septembre 2024