Une infirmière en santé mentale soutient des parcours d’insertion professionnelle

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A la Maison de l’emploi du bocage bressuirais (Nord-Deux Sèvres), une infirmière expérimentée en psychiatrie accompagne les intervenants et les bénéficiaires afin de mieux prendre en compte la dimension psychique dans les parcours de réinsertion professionnelle.

Depuis le 1er mars dernier, la Maison de l’Emploi du Bocage Bressuirais, en Nord-Deux Sèvres, compte une nouvelle salariée, Fanny Renoux, auparavant infirmière en psychiatrie à l’hôpital durant près de deux décennies. Celle-ci met dorénavant son expérience clinique au profit des travailleurs en difficultés sociales et/ou professionnelles suivis dans des structures d’insertion par l’activité économique (SIAE)1. Elle vient en appui aux encadrants socio-professionnels, renforçant ainsi l’efficacité de leurs interventions au quotidien et directement auprès des bénéficiaires.

Louis est sur la défensive…
Depuis quelques mois, Louis, 22 ans, a intégré un dispositif d’insertion professionnelle via la Maison de l’emploi du bocage bressuirais (Nord-Deux Sèvres). C’est un jeune homme un peu perdu, qui a du mal à se projeter dans sa vie d’adulte. Il vit chez ses parents, a arrêté ses études vers 16 ans et ne sait pas ce qu’il veut faire… Son contrat lui assure un engagement en entreprise de deux ans et un suivi régulier avec une accompagnatrice socio-professionnelle (ASP) mais il se montre peu communicatif et peu impliqué. Son ASP l’incite à rencontrer sa collègue infirmière en santé mentale. Perplexe, Louis accepte cependant de la rencontrer. Rapidement, un climat de confiance s’instaure, et la soignante repère des souffrances psychiques sous-jacentes. Au fil d’entretiens, Louis parvient à évoquer le harcèlement scolaire avec violences physiques et verbales qu’il a subi et à repérer l’impact de ce vécu traumatique dans sa vie quotidienne, en particulier sur sa motivation et en termes de mécanismes d’évitement… Ce suivi infirmier a un impact sur son travail dans l'entreprise, et, progressivement, l'aide à dépasser certains blocages. L'ASP constate qu'il s'investit davantage et prend des initiatives.

Évaluation, orientation, suivi

Cette vignette clinique illustre le travail de l’infirmière. « Je suis à présent une infirmière itinérante ! explique Fanny Renoux. Je me déplace au sein des différentes structures pour, dans un premier temps, évaluer avec les agents, les besoins, notamment en matière d’accompagnement psychique de certains travailleurs. Je mène ensuite des entretiens, sorte de consultations de première intention ou de suivi, pour mieux cerner les difficultés des personnes et, si besoin, les orienter et les accompagner vers des structures de soins. En effet, certains d’entre eux présentent un profil psychique instable depuis de nombreuses années (conduites addictives, troubles dépressifs, maltraitances familiales…) et parfois, aucune prise en charge ne leur a jamais été proposée. Pour d’autres, on constate lors du premier entretien qu’un accompagnement leur a été proposé, qu’elles n’ont pas pu saisir (problèmes de mobilité ou freins psychiques…) et revenir vers elles dans un lieu repéré et sécure peut les aider. Car leurs difficultés nuisent bien évidemment à leur parcours d’insertion professionnelle (troubles de l’adaptation, manque de concentration, absentéisme…). » Rappelons que les personnes suivies dans les SIAE ont deux années pour réussir ce parcours. De fait, ce soutien psychique est gage d’une meilleure réussite. Depuis sa prise de poste, Fanny Renoux a mené 149 entretiens, 71 dans le cadre d’un premier rendez-vous et 67 pour un suivi. « Seuls trois rendez-vous d’entretiens n’ont pas été honorés », précise–t-elle.

Cette initiative est actuellement engagée à titre expérimental pour une période de deux ans. « L’évaluation de l’impact de cette action locale sera cruciale pour envisager sa pérennisation, notamment financière2, afin de continuer à répondre aux besoins de santé mentale de manière efficace et durable » souligne Alain Robin, directeur de la Maison de l’emploi du bocage bressuirais.

1– Pour rappel, les SIAE sont des structures spécialisées, comme les ateliers et chantiers d’insertion (ACI), les associations intermédiaires (AI), les entreprises d’insertion (EI) ou les entreprises de travail temporaire d’insertion (ETTI). Elles ont pour objectif de permettre aux personnes les plus éloignées de l’emploi, en raison de difficultés sociales et professionnelles particulières (âge, état de santé, précarité, vulnérabilité) de bénéficier d’un accompagnement renforcé qui doit faciliter leur insertion professionnelle. Elles signent des conventions avec l’État qui leur permettent d’accueillir et d’accompagner ces travailleurs.
2- Le Fond social européen a contribué à ce projet et une enveloppe de la Direction départementale de l’emploi, du travail, des solidarités et de la protection des populations (DDETSPP) a été débloquée. La Maison de l’Emploi du Bocage Bressuirais a également fléché 10 000 euros sur ses fonds propres pour concrétiser la création d’un poste d’infirmière en santé mentale et son recrutement.