Parmi les cinq projets retenus par le Health data Hub et le Green Data for Health (CGDD) lors de leur appel à projets dédié à la recherche et l’innovation en santé-environnement, la recherche CHILD-Environment & Development s’intéresse à l’impact de l’exposome* sur le développement psychomoteur et la santé mentale de l’enfant. Comme les quatre autres projets sélectionnés, il bénéficiera d’un accompagnement humain et technique pendant 18 mois ainsi qu’un financement maximal de 115 000 euros par projet.
Contexte
Les inégalités socio-économiques liées au développement psychologique et à la santé mentale des enfants peuvent être observées dès le plus jeune âge et ont tendance à s’accentuer au fil du temps. Cependant, il existe d’importantes différences interindividuelles dans le développement, ce qui implique la possibilité d’une résilience. Jusqu’à récemment, les aspects physiques de l’environnement dans lesquels les enfants grandissent ont peu été examinés, particulièrement de manière conjointe.
Objectifs
En se basant sur un échantillon national représentatif des enfants nés en France en 2011, le projet CHILD-E&D permettra de mieux caractériser une partie de l’exposome d’enfants en considérant de manière longitudinale 4 facteurs environnementaux (pollution de l’air, verdure, marchabilité et exposition au bruit). Il permettra d’identifier des profils d’exposomes et d’explorer les associations entre ces différents profils et le développement et la santé mentale des enfants, en utilisant deux outils validés : le “Child Developmental Inventory”, une échelle évaluant le langage et le développement psychomoteur, et le “Strengths and Difficulties Questionnaire”, un questionnaire qui évalue les difficultés émotionnelles et comportementales des enfants et leurs comportements prosociaux. Des potentiels effets cumulatifs (synergiques ou antagonistes) et de médiation pourront être investigués, permettant de mieux comprendre les mécanismes impliqués entre les différents facteurs environnementaux et les indicateurs de santé étudiés. Il sera possible de tester par exemple le rôle médiateur de l’exposition au bruit dans les relations verdure-développement.
Méthodologie et caractère innovant
Mobilisation de la cohorte Elfe (description des données requises : données individuelles de santé, caractéristiques socio-démographiques… Déjà appareillées aux données environnementales verdures et pollution de l’air. Population ciblée : Enfants résidants en France métropolitaine nés en 2011.)
Les différentes expositions sont mesurées de manière répétée entre la naissance et 5 ans, des méthodes de random forest adaptées aux données prospectives pourront ainsi être mises en place, ainsi que la modélisation de trajectoires de type “group-based multi-trajectory modeling”, permettant d’identifier des trajectoires d’exposition dans une perspective de cycle de vie. De plus, à notre connaissance, la détermination de profils d’exposition cumulée à ces 4 facteurs n’a pas encore été réalisée, en particulier chez des enfants.
Les analyses complémentaires réalisées dans le cadre de l’objectif 3 permettront d’apporter des éléments de réponses mécanistiques : par exemple il est envisagé de considérer la pollution de l’air et l’exposition au bruit comme des facteurs médiateurs des relations entre verdure et développement et santé mentale, comme cela a été suggéré par la littérature scientifique. Il s’agira aussi d’étudier l’intersection entre les expositions environnementales, la situation sociale des personnes et les caractéristiques de leurs territoires (urbanisation, niveau socio-économique du quartier…). Finalement, l’exposition à ces différents facteurs pourra être mesurée avec un degré de précision important, avec des zones-tampons (buffers) variant de 100m à 1600m autour du lieu de résidence des enfants, et considérant un environnement réaliste dans lequel l’enfant peut réellement se déplacer : des buffers dits « marchables », en comparaison avec des buffers circulaires qui survolent les obstacles (immeubles, autoroutes… ).
*Il s’agit selon le Dr Christopher Wild, directeur du Centre international de recherche sur le cancer, de « la totalité des expositions auxquelles un individu est soumis de la conception à la mort. C’est une représentation complexe et dynamique des expositions auxquelles une personne est sujette tout au long de sa vie, intégrant l’environnement chimique, microbiologique, physique, récréatif, médicamenteux, le style de vie, l’alimentation, ainsi que les infections« .
• Projet : CHILD-Environment & Development (Inserm, UMRAE, Institut pour l’avancée des biosciences), appréhendant l’impact de l’exposome sur le développement psychomoteur et la santé mentale des enfants. Porteurs :
– Eloi Chazelas, chercheur (Équipe de Recherche en Épidémiologie Sociale (ERES) – ERES/ IPLESP UMRS 1136) eloi.chazelas@inserm.fr
– Devin Parker, chercheur (Équipe de Recherche en Épidémiologie Sociale (ERES) – ERES/ IPLESP UMRS 1136)
– Maria Melchior (Directrice de recherche (DR1) – Cheffe de l’Équipe de Recherche en Épidémiologie Sociale (ERES)
– Directrice adjointe de l’Institut Pierre Louis d’épidémiologie et de santé publique (IPLESP/ INSERM UMR_S 1136)
– Dr Gwenaël GUILLAUME (Unité mixte de recherche en acoustique environnementale – UMRAE, Université Gustave Eiffel – Cerema)
– Dr Pierre AUMOND (Unité mixte de recherche en acoustique environnementale – UMRAE, Université Gustave Eiffel – Cerema)