L’enquête trajectoires de consommation et de sorties du tabagisme (Tabatraj) menée par l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) auprès de 70 personnes ayant récemment arrêté de fumer fait apparaître que les motifs d’arrêt du tabac sont variés et se cumulent. Au fil du temps, les fumeurs prennent plusieurs décisions d’arrêt et adaptent les modalités de sevrage choisies.
Les stratégies choisies pour le sevrage varient selon les milieux sociaux d’appartenance des personnes et leurs ressources disponibles. Elles tendent à se complexifier à mesure que les tentatives se multiplient. Au travail, le tabagisme est souvent lié à la sociabilité et aux contraintes professionnelles, ce qui rend l’arrêt difficile. L’enquête confirme aussi l’influence majeure de la famille (conjoint, enfants) sur le processus d’arrêt.
Par ailleurs, une fois la consommation arrêtée, se considérer comme non-fumeur n’est pas acquis pour les enquêtés, surtout lorsque les tentatives ont été nombreuses ou que le produit est toujours apprécié : « fumeur repenti », « non-fumeur mais addict au tabac », voire « toujours fumeur », le spectre des catégorisations de l’arrêt est large, selon qu’il est perçu ou non comme irréversible.
Voici ce qu’il faut retenir
– Au fil du temps, les fumeurs prennent plusieurs décisions d’arrêt et adaptent les modalités de sevrage choisies.
– Même si une large part des enquêtés avait expérimenté la cigarette électronique, peu d’entre eux ont déclaré l’utiliser comme outil principal de leur sevrage. Ils indiquent notamment que vapoter atténue le sentiment de satisfaction lié à l’arrêt du tabac.
– Les fumeurs issus d’un milieu social moins favorisé expliquent que le manque de temps les a empêchés de solliciter un suivi par un professionnel de santé.
– Le statut de « malade » d’une addiction à la cigarette est mobilisé par une partie des enquêtés pour supporter les symptômes de sevrage et adapter leur stratégie d’arrêt.
– Les milieux professionnels où la pause cigarette joue un rôle important au sein du collectif de travail freinent l’arrêt du tabac. Les étudiants ont des connaissances élevées des risques du tabagisme sur la santé, mais l’usage social du tabac freine souvent l’arrêt.
– Avoir un conjoint non fumeur ou essayant d’arrêter incite à l’arrêt.
– Les femmes enceintes ou jeunes mères fumeuses se sentent stigmatisées par les professionnels de santé et parleur entourage, ce qui les incite à dissimuler leur tabagisme.
• Tendances. Hors-série international. Drogues et addictions, chiffres clés, OFDT, Isaora Rivierez, mars 2024. (PDF)