Un rapport prépare les Assises de la pédiatrie et de la santé de l’enfant

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Le rapport du comité d’orientation des assises de la pédiatrie et de la santé de l’enfant présente six axes de mesures formulées « à partir des besoins de l’enfant » dont l’axe 3 qui souhaite relever le défi de la santé mentale des enfants. Ces mesures orienteront les annonces qui seront par ailleurs dévoilées le 24 mai prochain, date des assises de la pédiatrie et de la santé de l’enfant.

Le 23 avril dernier, Christèle Gras Le Guen et Adrien Taquet, co-pésidents du comité d’orientation des assises de la pédiatrie et de la santé de l’enfant, ont remis leur rapport « Investir dans la santé de l’enfant : une urgence nationale » à Frédéric Valletoux, ministre chargé de la Santé et de la Prévention. Ce rapport de plus de 200 pages est le fruit d’un vaste processus de concertation qui s’est traduit par l’organisation de 23 tables rondes, 121 auditions, et la remontée de 2000 contributions écrites émanant d’organisations professionnelles, syndicales, associatives, ainsi que de professionnels de santé ou de patients individuellement. Des enfants ont également apporté leur contribution.

Six axes de travail ont structuré la réflexion, les concertations, et les recommandations formulées par le Comité d’Orientation :
Axe 1 : Garantir à tous les enfants un parcours de santé de qualité et sans rupture ;
Axe 2 : Améliorer le parcours en santé des enfants les plus fragiles ;
Axe 3 : Relever le défi de la santé mentale des enfants (pp. 45/52 du rapport) ;
Axe 4 : Mieux prévenir pour améliorer la santé globale des enfants ;
Axe 5 : Renforcer la formation professionnelle et faire évoluer les métiers de la santé de l’enfant ;
Axe 6 : Améliorer les connaissances et les pratiques en santé de l’enfant par la recherche, l’évaluation et favoriser les pratiques innovantes.

Revaloriser les professionnels et renforcer massivement l’offre de soins 
Sur les 1 600 000 enfants et adolescents qui présentent en France au moins un trouble psychique, la moitié
bénéficie annuellement de soins prodigués en pédopsychiatrie par des professionnels spécialisés, en
hospitalisations partielles, complètes ou en structures ambulatoires. Les constats cumulés d’une diminution forte
des capacités d’hospitalisation sur les dernières années (baisse de 58 % des lits entre 1986 et 2013) et d’une
situation démographique tendue des professionnels dans tous les secteurs d’activité concernés amènent à la
nécessité de mettre en œuvre des mesures fortes, en privilégiant une approche territoriale adaptée aux
contextes locaux, avec un pilotage de l’ARS renforcé. Les rapporteurs se positionnent donc en faveur du renforcement des capacités en pédopsychiatrie. Ils demandent ainsi la création de 600 postes en centre médico-psychologique infanto-juvénile (CMP-IJ), combiné au renforcement de l'offre d'hospitalisation et de post-urgences.

Concernant la santé mentale, les rapporteurs l’ont souligné, « il faut faire de la santé mentale de nos enfants, une grande cause nationale« . Pour ce faire, il faut améliorer la santé mentale des enfants en prévenant l’entrée dans le besoin de soins et garantir aux enfants une prise en charge adaptée, par l’accroissement des ressources en pédopsychiatrie et une meilleure articulation en amont (CMP) et en aval des services d’hospitalisation.
En découle plusieurs nécessités :
– améliorer la prévention en santé mentale ;
– promouvoir une dynamique de coopération élargie du secteur avec ses partenaires ;
– revaloriser les professionnels et renforcer massivement l’offre de soins ;
– renforcer la coordination des actions au plan national.

Parmi les pistes proposées par les rapporteurs, afin de repérer précocement et systématiquement la dégradation globale de la santé mentale des jeunes, un bilan de santé mentale est préconisé pour tous les enfants à l’entrée au collège. Il sera réalisé par le psychologue scolaire formé, par un libéral via le conventionnement local et/ou par les psychologues participant à Monpsy. Autre mesure avancée, sensibiliser et accompagner les professionnels de santé au repérage des situations psychologiques pouvant prédisposer aux addictions. Les rapporteurs soulignent également le rôle des Maisons des Adolescents (MDA) qui doit être renforcé, notamment en secteur rural avec la création d’antennes mobiles. Autre piste, pour endiguer la hausse des tentatives de suicide, en direction des jeunes filles en particulier, le rapport insiste sur la nécessité de promouvoir l’information autour du numéro national de prévention du suicide (3114) et des lignes d’écoute associatives dédiées aux jeunes (Fil santé jeunes, Nightline). A l’identique, des mesures spécifiques dédiées aux troubles du comportement alimentaire (TCA), dont l’incidence a très fortement augmenté depuis la période COVID, doivent être adoptées afin de construire une offre de soins spécialisée sur chaque territoire en ambulatoire et en hospitalisation, en collaboration avec la médecine somatique (pédiatres en première ligne, mais aussi les médecins généralistes).

Rapport « Ma santé, notre avenir. Investir dans la santé de l’enfant : une urgence nationale. » Assises de la pédiatrie et de la santé de l’enfant, 20 mesures phares, Remise du rapport sur la santé de l’enfant, 23 avril 2024, ministère du travail, de la santé et de la prévention. (PDF).