Le « Musée-valise » : quand l’esthétique crée la rencontre

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Au GHU Paris psychiatrie et neurosciences, le Musée-valise propose aux patients la version miniature d’une exposition d’art contemporain sur la mer. Retour sur une séance au sein d’une unité protégée du SHU.

Un grand coffre en bois bleu monté sur roulettes qui d’emblée interroge. Des portes qui s’ouvrent comme les rideaux d’un théâtre, annonçant un spectacle. Tous les services du GHU Paris psychiatrie & neurosciences peuvent accueillir le Musée-valise, version miniature et ambulante de l’exposition « La mer imaginaire », présentée en 2021 à la Fondation Carmignac, sur l’île de Porquerolles. Ce Musée-valise est pensé comme un petit théâtre mobile où chaque scène dévoile de nouvelles œuvres. Au rythme d’une ouverture chorégraphiée de l’objet, des œuvres de Miquel Barceló, Bianca Bondi, Jean Painlevé ou encore Yves Klein se révèlent dans un jeu de lumières, de son et d’images animées. Mécanismes secrets inspirés des magiciens, électronique de précision dissimulée dans les charnières et écran amovible participent à la mise en scène de ce musée miniature camouflé sous l’apparence d’un coffre en bois.    

Un temps d’introduction et un accompagnement sont proposés, libre ensuite à chacun d’en personnaliser l’usage : séances individuelles, collectives, avec les familles, avec les soignants, le personnel administratif, dans le salon d’étage, dans les chambres ou les bureaux.

L’utilisation thérapeutique

Le Musée-valise s’adresse aux usagers des institutions de soin dont l’accès aux musées est bien souvent entravé par l’état clinique, les conditions matérielles ou logistiques. L’objet sera utilisé au sein du GHU Paris en tant que dispositif de médiations thérapeutiques impliquant les patients, les soignants et/ou l’entourage, coordonnées par un thérapeute. Ce dispositif permet de ménager des temps de rencontre, créateur de liens, en donnant accès à une clinique précieuse. Des rencontres surprenantes autour de cet objet inédit et esthétique seront planifiées dans toutes les structures du GHU Paris. Chacun s’en appropriera tout ou partie pour le bénéfice de la réflexion et la possibilité d’exprimer ses émotions. Expérimenté pour au moins un an au sein du GHU Paris, le musée-valise a ensuite poursuivra ensuite son itinérance dans d’autres hôpitaux, écoles et prisons, festivals et salons consacrés à l’art contemporain et aux métiers d’art.

« Le dispositif rend l’art accessible à des populations qui en sont généralement éloignées et peut y trouver un écho. Des patients ont ainsi proposé de réaliser eux-même une exposition dans le service ». 

En pratique

Tous les services peuvent l’accueillir, libre à chacun d’en personnaliser l’usage : séances individuelles ou collectives, avec les familles, les soignants, le personnel administratif, dans le salon d’étage, les chambres ou les bureaux… Les œuvres suscitent un débat, un partage d’émotions, des associations d’idées et de souvenirs. « Au sein de l’unité protégée du Service hospitalo-universitaire (SHU), dans une atmosphère paisible, les yeux brillent, les spectateurs, attentifs et curieux, contemplent et manipulent les œuvres dans le respect », souligne O. Laurini, médecin. La visite de ce chariot de soins sans médicament offre une parenthèse qui tranche avec le quotidien de l’hospitalisation.

« Si l’art moderne confronte à l’étrangeté et peut parfois déranger, le Musée-valise éveille dans le service une curiosité, un partage d’émotions et de souvenirs…  »

« Originalité de cette médiation : ni objectifs ni attentes thérapeutiques prédéfinis », précise L. Egger, médecin référent de la médiation. Un soignant volontaire accompagne la rencontre avec les œuvres et fait le lien entre le patient et ses soins, l’expérience pouvant se prolonger en consultation, en groupe thérapeutique ou de manière plus informelle. L’art est pensé pour un spectateur unique mais jamais solitaire. « Il est ainsi rendu accessible à des populations qui en sont souvent éloignées. Il a pu rencontrer chez certains patients un écho tel qu’ils ont proposé de réaliser une exposition », observe O. Laurini.

Contacts : l.egger@ghu-paris.fr ; olivier.laurini@ghu-paris.fr

• En savoir plus sur le Musée-valise au GHU Paris psychiatrie & neurosciences. Le musée valise a été dessiné et conçu par l’artiste et architecte Stephan Zimmerli sur une idée originale de Charles Carmignac avec l’accompagnement scientifique du Dr Mathias Gorog et du Dr Laurène Egger.

Photo – Ouverture du musée-valise. La boîte bleue s’ouvre et révèle deux photographies de Jean Painlevé et un film de Shimabuku sur l’écran central