Le Conseil économique social et environnemental (Cese) présente un avis sur la question de l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle. Résultant de la consultation de près de 11 000 citoyens, cet avis identifie quatre grands axes pour « libérer et valoriser le temps libre tout en agissant sur le temps de travail ».
Quelques enseignements sont particulièrement intéressants et ont permis aux rapporteures, aux conseillères et
conseillers de mieux comprendre l’actualité d’un sujet qui pourrait sembler être déjà largement exploré. Nous avons notamment appris que :
-la semaine standard de 35h en 5 jours n’est pas la norme que l’on croit, car elle ne concerne que 36 % des répondants. Elle n’est d’ailleurs pas plébiscitée ;
-il existe une aspiration très forte à mieux contrôler ses temps de vie : la question de la déconnexion est, à cet
égard, révélatrice : pour 50 % des répondants le droit à la déconnexion relève davantage d’une possibilité de
se connecter/déconnecter quand ils le souhaitent plutôt que d’horaires collectifs fixes ;
-la question de l’équilibre des temps ne se résume pas à la durée des temps de travail mais dépend également
des conditions de vie (logement, transport, etc.) et des situations de vie (parentalité, aidance, situation de
handicap, etc.) ;
-le rapport au travail évolue dans un contexte de changement climatique, d’urgence écologique avec, en toile
de fond, une demande de « ralentir » : l’intensification du travail est évoquée par une majorité de répondants.
Pour compléter l’analyse du sujet, 37 auditions et 19 entretiens ont confirmé la nécessité d’un spectre d’analyse
plus large, qui conduit nécessairement à une approche genrée du sujet. Il est apparu nécessaire de travailler la
notion de temps libre et sa définition et d’identifier les zones grises entre temps libre et temps de travail. L’avis
fait ensuite l’état des lieux attendu sur les différentes organisations des temps de travail en France et en Europe. Il s’est particulièrement attaché à la question de l’organisation du collectif de travail dont la robustesse peut être fragilisée par une demande individuelle croissante et un management mal préparé à ces nouvelles attentes et nouvelles organisations.
Dans cet avis, le CESE formule une série de recommandations suivant quatre orientations :
- clarifier les zones grises : mieux caractériser juridiquement le temps libre, Veiller à l’inclusion des travailleurs en situation de handicap et garantir des possibilités d’articulation des temps de vie compatibles avec cette situation.
- Dans le secteur privé comme dans le secteur public, engager le dialogue social sur l’articulation des temps : le Cese considère que l’articulation des temps de vie « relève du dialogue social » et doit être déclinée aux trois niveaux de négociation : interprofessionnel, de branche et entreprises.
- engager toute la communauté de travail dans la révolution managériale : il est indispensable de former les managers, leur donner des outils pour qu’ils évaluent bien la charge de travail et créer les conditions pour qu’un échange à ce sujet soit systématique dans les entretiens professionnels
- accompagner le temps personnel et encourager la reconnaissance du temps de l’engagement : le Cese demande que le congé bénévolat ouvre des droits au même titre que les congés de représentation et que le développement du bénévolat soit inclus dans les discussions relatives à la qualité de vie et des conditions de travail (QVCT).
Articulation des temps de vie professionnel et personnel : de nouveaux défis, Avis, Conseil économique et socialTOME GERTHEINRICHS Élisabeth CAILLET Christelle, Conseil économique, social et environnemental, 04/2024
