La société SF2H (constituée de professionnels œuvrant dans le domaine de la prévention de l’hygiène en milieu de soins) recommande dans un avis, réalisé en partenariat avec le Geres (Groupe d’Étude sur le Risque d’Exposition des Soignants aux agents infectieux), de ne pas porter de gants lors d’injections intramusculaires, sous-cutanées et intradermiques, y compris lors de pose de perfusion sous-cutanée.
Pour donner cet avis et parvenir à leur recommandation, la SF2H et le Geres ont pris en considération les données suivantes :
– la prévalence des principales infections virales chroniques transmissibles (VHB, VHC, VIH) est faible en France et les patients sont le plus souvent traités efficacement, avec des charges virales indétectables ;
– la vaccination des professionnels de santé contre le VHB contribue à diminuer le risque de transmission du virus ;
– la réalisation d’injection IM/SC/ID ne comporte a priori pas de contact avec des produits biologiques ;
– les injections SC et IM représentent environ 25% des accidents percutanés (APC) en 2019 chez les IDE en France, mais sont très exceptionnellement à l’origine de la transmission d’agent viral (le risque transmission du VHC et du VIH après APC est essentiellement lié à des piqûres avec des aiguilles creuses contenant du sang provenant d’un patient dont la charge virale est élevée) ;
– les aiguilles pour les injections SC/IM/ID sont de faible calibre par rapport aux aiguilles creuses utilisées pour des gestes en intravasculaire direct ;
– l’absence de preuve d’efficacité des gants dans la prévention du risque de transmission virale après APC avec aiguille creuse ;
– il existe un risque de transmission croisée potentielle des micro-organismes en lien avec un mésusage des gants ;
– un risque de dermatites est observé en cas de port prolongé et répété des gants ;
– le port de gants ne doit pas se substituer à l’hygiène des mains ;
– l’observance de l’hygiène des mains est augmentée en l’absence de port de gants ;
– l’OMS préconise depuis 2010 le non-port de gants pour les injections IM-SC-ID, recommandation adoptée par de nombreux pays (limitée ou non à la vaccination) ;
– des enjeux écologiques sont liés à l’utilisation de gants à usage unique.
Rappelant les bonnes pratiques de prévention des AES lors de la réalisation d’injections (conteneur à objets perforants à proximité immédiate, absence de désadaptation/recapuchonnage de l’aiguille), de même que l’intérêt de pouvoir disposer de dispositifs incluant des aiguilles sécurisées afin de réduire le risque d’AES lors de la réalisation des injections IM/SC/ID, la SF2H en partenariat avec le GERES recommande donc dans le cadre des précautions standard, de ne pas porter de gants lors de la réalisation d’injections intramusculaires, sous-cutanées et intradermiques, y compris lors de pose de perfusion sous-cutanée.
En cas de peau lésée du professionnel ou du patient/résident, le port de gants non stériles à usage unique reste indiqué comme le préconisent les précautions standard. La mise en application de cette mesure permettra de limiter le mésusage des gants (risque de transmission, surcoûts…), de renforcer l’observance de l’hygiène des mains et d’aller dans le sens de l’éco-responsabilité avec un moindre impact sur l’environnement.
• Avis conjoint du Geres et de la SF2H relatif à l’évaluation de l’intérêt du port de gants lors de la réalisation
des injections intramusculaires, sous-cutanées et intradermiques – Version du 16/04/2024.