Ibrahim Ballo présente une œuvre moderne et lumineuse, à la croisée de la peinture et du tissage traditionnel des femmes de Sénoufo (Mali). Dans ses tableaux, des réseaux de lignes tracées à l’acrylique s’entrecroisent avec des fils noués, créant une multitude de points de jonction et du relief à la surface de la toile. Porteur d’une histoire à plusieurs niveaux, le coton véhicule des histoires de circulation, de migration et d’appropriation. Il interfère ici avec la modernité de l’acrylique. « Le tissage, pour moi, explique l’artiste, c’est une contribution, un hommage à mes ancêtres, tandis que la peinture fait lien avec ce passé. »
Avec ses personnages « entourés », comme enfermés en eux-mêmes ou repliés sur leurs blessures intimes, Ibrahim Ballo évoque subtilement les oppressions, les inégalités, la marginalité et l’exclusion. « Je cherche à faire une synthèse entre monde contemporain et signification historique, dénonçant le consumérisme et les problèmes sociétaux. Dans mes compositions, les personnages masqués explorent l’absence de communication émotionnelle. Le masque questionne leur identité et établit une barrière sociale. Loin du chaos du monde, ils se plongent en hibernation, dans un rituel de méditation pour se distancier des fausses apparences, des trahisons et illusions de toutes sortes. »
Pour l’artiste, l’ouverture à d’autres cultures et aux différences, le lien à la nature, l’art et la beauté peuvent aider à mieux vivre. Dans ses œuvres, les couleurs symbolisent l’harmonie et le rêve d’un monde meilleur, sans barrière. Une œuvre puissante et poétique.
Ibrahim Ballo, né en 1986, vit et travaille à Bamako au Mali. Il collabore avec Santé mentale pour le numéro 286, mars 2024, Comment éviter isolement et contention ?
- En savoir plus : Galerie Carole Kvasnevski, Paris XVIIe, www.galeriecarolekvasnevski.com, carolekvasnevski@galeriecarolekvasnevski.com