Ados suicidaires : quels bénéfices du plan de sécurité ?

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Le « plan de sécurité » est une intervention de prévention de la récidive suicidaire, qui vise à mobiliser une personne à risque autour de ses propres stratégies d’adaptation et de ressources. Cette étude descriptive, réalisée auprès de professionnels de psychiatrie du CHU de Montpellier, en montre les bénéfices et les limites auprès d’adolescents.

Chez un adolescent ayant des idées suicidaires ou ayant réalisé une tentative de suicide, le plan de sécurité (PS) est un outil de prévention des récidives suicidaires. C’est une intervention brève, de 20 à 40 minutes, hautement structurée, proposée au décours de la crise suicidaire, par différents professionnels de santé (médecins, infirmiers, psychologues…). Le PS est défini comme une liste écrite et priorisée de stratégies d’adaptation et de ressources d’aide qu’un patient peut utiliser avant et pendant une crise suicidaire. Cette liste comporte généralement plusieurs catégories :
‒ Identification des signaux d’alarme associés à une aggravation de la crise suicidaire.
‒ Renforcement des stratégies de coping.
‒ Sécurisation de l’environnement en limitant l’accès aux moyens de suicide
‒ Mobilisation du réseau social de proximité.
‒ Renforcement de l’adhésion au suivi et mise à disposition de ressources en cas d’urgence.

Dans le cadre d’une thèse de médecine, Amélie Boquain s’est intéressée à l’utilisation du plan de sécurité chez les adolescents à risque de comportement suicidaire par les professionnels de santé.

Méthode et résultats

Un questionnaire avec des questions pourtant sur le PS a été construit. Il a ensuite été soumis à un panel de professionnels de santé, travaillant dans des services de psychiatrie au CHU de Montpellier au contact d’adolescents. Notre objectif principal est de décrire les expériences personnelles des soignants au cours de la mise en œuvre du PS chez les adolescents à l’aide d’un auto-questionnaire en ligne.

Résultats : la totalité des professionnels avaient connaissance du PS. L’utilisation du PS est récente. Le PS était utilisé dans de nombreux services, à des temporalités très variables. Les parents semblent peu impliqués. La recherche d’un précédent PS et la réévaluation du PS à distance ne sont pas réalisés systématiquement dans la majorité des cas. Il n’y a pas de PS universel. Le PS est une intervention acceptée et les professionnels en ressentent une efficacité dans les soins. La principale limitation retrouvée est le manque de collaboration de l’adolescent. Il existe une demande en formation au PS, malgré qu’une partie des professionnels soit formés et à l’aise avec l’utilisation du PS.

Conclusion : le PS est une partie intégrante des soins reçus par un adolescent dans la prévention du suicide. Son domaine d’action est large, il est utilisé dans de nombreuses situations cliniques. Cependant, des lacunes dans la formation et des incohérences dans son utilisation indique un besoin de formation supplémentaire.

Amélie Boquain. Étude descriptive concernant l’utilisation du plan de sécurité chez les adolescents à risque de comportement suicidaire par les professionnels de santé. Médecine humaine et pathologie, 2023, UFR de médecine Montpellier-Nimes, dir. de thèse, Pr Diane Purper-Ouakil, disponible en ligne : dumas-04338570