Le Sénat invite le gouvernement à ériger la santé mentale des jeunes en grande cause nationale

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Une proposition de résolution, portée par la sénatrice Nathalie Delattre (Rassemblement démocratique et social européen, Gironde), vice-présidente de la commission des lois et membre du groupe d’études handicap qui « érige la santé mentale des jeunes en grande cause nationale « , a été votée à l’unanimité.

La proposition de résolution rappelle « un constat clinique dramatique affectant les jeunes : troubles du sommeil, phobie scolaire, anorexie, troubles obsessionnels compulsifs (TOC), dépression, schizophrénie, consommation abusive d’alcool, drogue, agressivité, isolement social et acte suicidaire dans les cas les plus tragiques ; une liste non exhaustive inacceptable« . Si le fléau de la santé mentale des jeunes recouvre avant tout des drames personnels et familiaux qui appellent bien entendu des solutions au cas par cas, les sénateurs rappellent toutefois, « que son ampleur mérite une prise de conscience collective pour une action publique volontaire et ambitieuse« .

Autre rappel exprimé, si la France se situe dans la moyenne des pays européens, l’offre d’équipements ambulatoires et hospitaliers du secteur infanto-juvénile est répartie de façon inégalitaire sur le territoire. « Les centres médico-psychologiques infanto-juvéniles (CMP-IJ), qui constituent le principal point d’entrée pour un parcours de soins, sont dépassés par les demandes, d’autant plus que les familles n’y avancent pas les frais. Par ailleurs, ces centres à l’accès dit universel accueillent des jeunes souffrant de troubles légers à sévères. Cette ouverture ouvre un champ très large de pathologies qui peut conduire à amputer du temps pour les patients les plus atteints nécessitant un suivi sur le long cours« .

Enfin, au manque de professionnels de santé spécialisés et de places en milieu médical, « s’ajoute le problème de l’inadaptation des soins aux jeunes patients faute de moyens pour une approche globale, ce qu’illustre la question de la médication« . Le texte souligne donc la nécessité de « déployer une politique globale et ambitieuse d’accompagnement des jeunes dont la santé mentale est affectée« . Pour les sénateurs, la médecine scolaire doit également jouer un rôle fondamental pour appréhender les troubles psychiques dès le plus jeune âge, « sous réserve que le secteur ait les moyens de ses missions. Il est par conséquent regrettable d’observer une pénurie de médecins, de psychologues et d’infirmiers scolaires à cause d’un problème général de démographie médicale mais surtout en raison de la trop faible rémunération de ces personnels« .

Et de conclure que « bien soigner nos enfants, c’est aussi respecter leurs droits qui sont garantis à l’échelle collective par la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE) ainsi que par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ». De fait, la proposition de résolution invite le Gouvernement à ériger la santé mentale des jeunes en grande cause nationale.

Programmée en séance publique au Sénat le 17 janvier, l’urgence et la gravité de la situation des enfants et adolescents a été adoptée à l’unanimité. La nouvelle ministre de la santé Catherine Vautrin s’est engagée à s’emparer de ce sujet majeur.

Ériger la santé mentale des jeunes en grande cause nationale, Propositions de résolution – Texte n° 602 rectifié (2022-2023) de Mme Nathalie Delattre et plusieurs de ses collègues, déposé au Sénat le 12 mai 2023.