Pour éviter un « simple toilettage », les pouvoirs publics annoncent le report de la réforme de la formation infirmière en 2025 et non à la rentrée 2024 comme annoncé par François Braun alors ministre de la santé et de la prévention, le 12 mai dernier. Le coup d’envoi de ces travaux a donc été donné le 16 novembre dernier par les ministères en charges de la santé et de l’enseignement supérieur.
Repenser la formation des futurs infirmiers pour répondre aux nouvelles compétences attendues et aux aspirations de la nouvelle génération, voilà l’un des principaux objectifs de la refonte du référentiel de la formation infirmière espérée de longue date par l’ensemble de la profession. Les fédérations étudiantes ainsi que les acteurs de la formation infirmière affichent leur satisfaction, saluant le temps donné pour préparer cette réforme majeure.
Pauline Bourdin, présidente de la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi) salue la possibilité offerte, au regard des nombreux groupes de travail déployés, de mettre en place une réforme « aboutie« . De son côté, Florence Girard, présidente de l’Association nationale des directeurs d’école paramédicale (Andep), précise ses exigences. Il s’agit bien « d’une réforme en profondeur » et non « un simple toilettage« , rappelant que si la relation avec l’Université [la formation au métier socle se déroulera sur trois années avec un diplôme d’Etat au grade licence] va s’accentuer, “l’université ne peut être un simple enregistreur du diplôme, il faudra aller au-delà des simples conventions”.
Michèle Appelshaeuser, présidente du Comité d’entente des formations infirmières et cadres (Cefiec), souligne « qu’il nous semblait peu jouable de rendre effective cette réforme pour la rentrée 2024. Il y aura des enseignements communs avec l’université et un dispositif à trouver pour les instituts. » Ce délai supplémentaire est « favorable » pour préparer la rentrée 2025, « tant sur le fonds que sur la forme« . Il y aura en effet des enseignements communs avec l’université et un dispositif à trouver pour les instituts. « Certains changements de méthode pédagogique sont attendus, nous en sommes au tout début du travail« . De plus, le Cefiec reste attaché au maintien d’une formation qui soit professionnalisante, avec une formation clinique basée sur des données probantes.
L’Ordre national des infirmiers, également interlocuteur majeur de cette réforme, a réuni les parties prenantes le 27 novembre pour échanger au mieux sur les attentes et les enjeux.
L’Onsil, syndicat d’infirmiers libéraux, fait également entendre sa voix, arguant « qu’Il serait particulièrement essentiel qu’une information soit d’ores et déjà incluse dans la formation de base et ainsi permettre aux étudiants d’avoir déjà un aperçu de l’exercice libéral qui n’est vraiment abordé que lors de l’installation et ce n’est plus possible aujourd’hui. » Autre syndicat représentatif des infirmiers libéraux, Convergence Infirmière souligne que « sur le fond certains éléments sont très inquiétants. En effet le rôle propre est remplacé par un rôle spécifique et un rôle de collaboration. Il est à craindre que nos missions soient cantonnées à la prévention, la promotion et l’éducation à la santé et la collaboration… L’essence même de notre métier fondé sur le jugement clinique est ainsi balayé« .
Côté méthodologie, la DGOS prône « un processus collégial participatif » impliquant tous les acteurs, et copiloté par les deux ministères de tutelle — les ministères respectivement en charge de la santé et de l’enseignement supérieur — pour le volet formation. Un comité de suivi se prononcera sur les grands axes du cadre national de la formation, en vue d’élaborer le nouveau référentiel, tandis qu’un groupe de travail « ingénierie pédagogique« , qui se réunira une douzaine de fois, sera lui en charge de produire les contenus du référentiel formation en étant garant de « la cohérence pédagogique » de l’ensemble. Des groupes de travail thématiques sont aussi prévus.