L’association des maires ruraux de France (AMFR) s’est posée par le biais de cette enquête sur l’accès aux soins hospitaliers une question simple mais capitale : les habitants du monde rural ont-ils accès à l’hôpital et aux cliniques comme ceux des villes ? La réponse est clairement non.
Les principaux résultats
En éliminant les effets de structure des populations, l’étude montre que les habitants du rural consomment moins de soins hospitaliers que ceux des villes (à âge et sexe égal). Le calcul d’indices comparatifs d’hospitalisation (ICH) montre que ces variations se retrouvent toujours constamment en moyenne dans tous les segments d’activité observés (Chirurgie, Interventionnel…). L’analyse géographique des ICH (Indice Comparatif d’Hospitalisation) montre une progression continue depuis les territoires les moins peuplées jusqu’aux centres urbains : c’est-à-dire que l’éloignement des centres hospitaliers et devenu le principal déterminant en matière d’accès aux soins.
« Ce focus sur l’hôpital est le 3e volet de notre série d’études, toujours aussi peu glorieuses pour les ruraux qui pâtissent d’une surmortalité (étude d’avril 2023) et d’un accès à la médecine de ville assez rare (étude de novembre 2022). » Gilles Noël, vice-président de l’AMRF en charge de la Santé
Les principaux chiffres
L’analyse de la répartition géographique de plus de 18 millions de séjours hospitaliers réalisés en France durant l’année 2021 montre que du rural « très peu dense » aux espaces les plus densément peuplés (selon la définition de la grille communale de densité de l’Insee), il existe une gradation dans la prise en charge :
– 16 %
On remarque une gradation continue des valeurs : à âge et sexe égal, les habitants du rural très peu dense consomment 16% de soins hospitaliers en moins que la moyenne nationale (-6% pour les territoires ruraux peu denses ; +2% dans l’urbain intermédiaire ; +5% dans l’urbain dense)
+ loin – traités
Cette linéarité statistique est le signe du rôle déterminant de la distance dans le recours aux soins hospitaliers, dont le corolaire avec l’éloignement des centres hospitaliers régionaux est particulièrement criant, de même que le lien avec la rareté de médecins traitants dans les bassins de vie ruraux (voir étude précédente) qui engendre une prise en charge hospitalière moindre
– 30 %
En comparaison aux chiffres de la consommation de soins en milieu urbain dense, on note que les habitants du rural isolé consomment 20 % de soins hospitaliers en moins et jusqu’à 30 % de séances en moins (dialyses en centre et chimiothérapies), et 12 % de courts séjours hospitaliers en moins.

Des chiffres qui parlent d'eux-mêmes - Gynéco-obstétrique (6% de l’activité hospitalière ; - 5% dans le rural très peu dense) - Naissances et Néonatalogie (4% de l’activité hospitalière ; - 18% dans le rural très peu dense) - Chirurgie (30% de l’activité hospitalière ; - 8% dans le rural très peu dense) - Activité Interventionnelle (19% de l’activité hospitalière ; - 15% dans le rural très peu dense) - Activité Médicale (41% de l’activité hospitalière ; - 7% dans le rural très peu dense)
Selon Gilles Noël, vice-président de l’AMRF en charge de la Santé, « l’étude révèle, des écarts de consommation de soins hospitaliers qui se creusent et s’amplifient entre les espaces urbains denses et le milieu rural très peu dense, marquant le signe d’une prise en charge trop tardive. Les écarts sont particulièrement importants en ce qui concerne la chirurgie et les activités interventionnelles, qui représentent à elles deux 50 % de l’activité hospitalière. » Il écrit en conclusion « qu’il y a urgence à agir en renforçant le maillage du service publique hospitalier (enjeu d’aménagement du territoire et d’équité) et en confortant les ressources humaines des centres hospitaliers (enjeu sanitaire de qualité des soins) ! »
• Études sur la santé en milieu rural #3 Le recours aux soins hospitaliers – novembre 2023, ARMF, association des maires de France.