Avec une personne sur cinq touchée par des troubles psychiatriques, la Fédération de l’Hospitalisation Privée en Psychiatrie (FHP Psy) lance un cri d’alarme sur la détérioration rapide de la santé mentale des Français, accentuée par la pandémie de la Covid-19. Cette situation préoccupante est exacerbée par la réforme en cours dans le secteur psychiatrique, non finalisée depuis deux ans et mise en place sans mesure d’impact sérieuse de ses conséquences.
Les chiffres sont explicites : les troubles dépressifs sont passés de 9,8% en 2017 à 13,3% en 2021, avec une projection de croissance de +4,7% par an jusqu’en 2027 (étude Roland Berger). Face à cette réalité, la FHP Psy a réalisé un rapport complet, compilant les résultats d’un sondage Harris Interactive, d’une note de la Commission Stratégie et Prospective, ainsi que d’un rapport économique prospectif du cabinet Roland Berger.
Selon ce sondage* publié dans ce rapport, la santé mentale apparaît à ce jour comme « un enjeu majeur aux yeux des Français et encore plus à l’avenir » :
– 47% des sondés estiment qu’un ou plusieurs de leurs proches ont besoin de consulter un professionnel de santé mentale.
– Pour environ 20% des répondants, leurs proches devraient consulter pour une « pathologie sévère » (dépression, bipolarité…).
– 84% des sondés estiment que la part des personnes souffrant d’une pathologie sévère va augmenter dans les prochaines années.
– La FHP Psy souligne que 56% des répondants n’expriment globalement aucune préférence pour le statut des établissements (public ou privé) s’ils devaient conseiller un proche pour une prise en charge psychiatrique.
La santé mentale est également un enjeu majeur pour le monde économique et les entreprises, avec 50% des arrêts de travail directement liés à la santé mentale au niveau européen.
Le secteur hospitalier psychiatrique privé, essentiel dans la prise en charge des besoins croissants, est ainsi confronté à des défis financiers et organisationnels. Les projections de scénarios de prise en charge hospitalière mettent en lumière l’inadéquation des modalités de financement issues de la réforme, compromettant la capacité à répondre efficacement aux besoins émergents.
La FHP Psy souligne le décalage entre la réforme actuelle et l’évolution des besoins de prise en soins, la réforme ne prenant pas en compte les changements significatifs survenus depuis la crise de la Covid-19. Ce fossé s’élargit, accentué par des délais allongés de prise en charge qui favorisent la « chronicisation » des pathologies mentales, avec des conséquences majeures sur les plans sanitaire, social et sociétal.
A l’occasion de la sortie du rapport, Marc Laidet, Président de la FHP Psy, a déclaré : "La réforme actuelle en psychiatrie est mal née, élaborée sur des bases pré-pandémiques qui ne tiennent pas compte des changements profonds survenus dans la santé mentale des Français. Elle est également mal menée depuis 2 ans, négligeant l’importante évolution de la réalité de l'activité. Si nous n'agissons pas rapidement, la réforme en cours risque de devenir la première cause de non-prise en charge pour tous les Français en détresse mentale."
Face à cette situation critique, les établissements privés de psychiatrie doivent pouvoir répondre aux besoins croissants de prise en charge sans être entravés par un modèle de financement qui ne prend pas en compte les évolutions d’activité et les nouvelles autorisations attribuées par les Agences Régionales de Santé pour répondre aux besoins des territoires et qui aurait pour conséquence, à terme, de développer une organisation du système de santé inadaptée.
« La FHP Psy lance un appel pressant aux pouvoirs publics et à la représentation nationale pour lancer une mission d’évaluation de la réforme et prendre en compte les évolutions nécessaires au nouveau modèle de financement, afin de garantir une prise en charge adéquate et prévenir une catastrophe sanitaire et sociétale. »
• Rapport de la FHP Psy – Novembre 2023 : « Santé mentale des Français : Le grand fossé sanitaire et sociétal » (PDF)
