La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) publie une étude1 sur les abandons en formation d’infirmière et dans les autres formations de santé, de 2011 à 2021. Les étudiantes en formation d’infirmière sont trois fois plus nombreuses à abandonner en première année en 2021 qu’en 2011. A la veille de cette parution, François Braun, ministre de la Santé et de la Prévention, annonçait sur le plateau de Cnews « avoir décidé de rénover en profondeur la formation et le métier en 2023, en lançant une grande concertation avec tous les professionnels concernés pour redonner l’envie d’exercer cette profession essentielle de notre système de santé ».
Depuis 2019, le nombre d’étudiantes en première année de formation d’infirmière progresse fortement pour atteindre près de 35 500 en 2021, après être resté globalement stable dans les années 2010, autour de 31 000. En 2021, plus de la moitié des étudiantes sont inscrites en première année en Île-de-France (19 %), en Auvergne-Rhône-Alpes (12 %), dans les Hauts-de-France (12 %) ou dans le Grand Est (9 %). Le nombre de diplômées chaque année a cependant baissé de 7 % entre le pic des années 2010 et 2021 (de 26 500 à 24 500), les infirmières diplômées en 2021 n’étant pas encore concernées par la hausse des effectifs des promotions. Le nombre de présentées au diplôme en 2021 représente 86 % du nombre d’étudiantes entrées en formation trois ans plus tôt. Cependant, l’écart restant ne peut pas s’interpréter directement comme un taux d’abandon en cours d’études des étudiantes ayant débuté leur formation en première année en 2018. En effet, il ne tient pas compte des événements individuels de scolarité – autres qu’une interruption définitive de la scolarité – pouvant expliquer un allongement ou une diminution de la durée de formation : césure, arrêt maladie, congé maternité, passerelle ou équivalence, redoublement ou échec au diplôme…
Tout au long de cette étude, les noms des professions et les catégories désignées (étudiantes, inscrites, diplômées..) sont accordés au féminin lorsqu’ils désignent une majorité de femmes (accord de genre majoritaire : on compte 1 homme pour près de 7 femmes parmi les étudiantes infirmières)

Hausse des abandons en cours de scolarité, surtout en première année
En 2021, 10 % des étudiantes ont abandonné leurs études en première année de formation d’infirmière, elles étaient trois fois moins en 2011 (3 %). Le taux d’abandon en deuxième et troisième année est resté également élevé : 7 % en deuxième année et 4 % en troisième année en 2021.
Sur l’ensemble de la scolarité de la promotion entrée en 2018 (30 182 étudiantes en première année et 24 557 diplômées trois ans plus tard), 14 % des étudiantes ont abandonné leurs études, soit 3 points de plus que pour la promotion 2011. Ces abandons sont plus fréquents en Normandie et dans les Pays de la Loire. Les hommes représentent seulement 13 % des étudiantes en formation d’infirmière en 2021, mais ils abandonnent plus fréquemment leur formation en cours de scolarité. Par extrapolation, en considérant la même répartition du nombre d’abandons entre la première, la deuxième et la troisième année de formation d’infirmière, le taux d’abandon atteindrait environ 18 % pour la promotion 2019 et 22 % pour la promotion 2020.

D’autres formations aux professions de santé également affectées par une hausse des abandons Une étudiante sur dix en première année de formation d’aide-soignante ou de manipulatrice d’électroradiologie médicale a abandonné ses études en 2021. Pour la plupart des formations sanitaires, le taux d’abandon en première année augmente sensiblement par rapport au début des années 2010. Parmi les formations d’une durée de trois ou quatre ans, le taux d’abandon sur toute la scolarité a doublé au cours des années 2010 pour les manipulatrices d’électroradiologie médicale et les pédicures-podologues ; il est en revanche resté stable pour les masseurs-kinésithérapeutes et les sages-femmes.

1- L’enquête « Écoles » a pour objectifs de dénombrer et d’identifier les établissements de formation aux professions de santé non médicales et à la profession de sage-femme, et de recueillir des informations sur le nombre d’étudiants ou élèves en formation (nombre de candidats, nombre d’inscrits, nombre de diplômés, etc.). Elle permet également, depuis 2011, d’estimer le taux d’abandons des étudiants en cours de scolarité dans ces disciplines.